Les superpuissances et l’État de Palestine ou l’hypocrisie d’une reconnaissance refusée

Le Conseil de sécurité des Nations-Unies a refusé, jeudi 18 avril 2024, d’admettre la Palestine comme État membre de plein droit à l’Onu en raison du veto des États-Unis. Le projet de résolution présenté par l’Algérie a reçu 12 voix pour, 1 voix contre (États-Unis) et 2 abstentions (Royaume-Uni et Suisse).

Leith Lakhoua *

Le refus des Etats-Unis coule de source, et pour cause : c’est le principal protecteur de l’Etat génocidaire d’Israël dont il assume, aveuglément, tous les crimes. Le refus du Royaume-Uni ne surprend personne, lui non plus, puisque c’est la Perfide Albion qui a installé cet Etat fantoche au cœur du Proche-Orient pour le déchirer en morceaux. Quant à la Suisse, elle expliquera très opportunément sa décision par une soi-disant neutralité, comme si ce principe a encore un sens quand il s’agit de défendre… un droit.

Les superpuissances, qui étaient très promptes à reconnaître l’Etat d’Israël, quand il n’était qu’un noyau de groupes terroristes (Hagana, Irgoun, etc.), ont longtemps joué un jeu de flagrante hypocrisie dans leur approche de la reconnaissance de l’État de Palestine. Malgré le fait que 137 des 193 États membres de l’Onu reconnaissent déjà l’État de Palestine, et que depuis 2012, la Palestine participe à l’Assemblée générale de l’organisation onusienne comme État non membre observateur, les grandes puissances continuent à ignorer les appels à reconnaître officiellement la Palestine comme un État à part entière.

Des résolutions jetées aux oubliettes

Cette situation est d’autant plus absurde lorsqu’on considère les résolutions des Nations unies, notamment la résolution 242 qui condamne l’«acquisition de territoire par la guerre» et demande le «retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés». Cette même résolution souligne également «l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique» de chaque État de la région, y compris la Palestine.

En outre, la résolution 181 de l’Onu prévoyait déjà la partition de la Palestine en deux États, juif et arabe, posant ainsi les bases de la solution à deux États.

Malgré ces accords internationaux clairs et les déclarations répétées en faveur de la solution à deux États, les superpuissances continuent de refuser de reconnaître officiellement la Palestine comme un État indépendant. Cette réticence ne fait que souligner l’hypocrisie des grandes puissances qui semblent accorder plus d’importance à leurs propres intérêts géopolitiques et stratégiques qu’aux principes de justice internationale et de droits de l’homme.

Un message confus et contradictoire

En refusant de reconnaître la Palestine comme un État souverain, les superpuissances envoient un message confus et contradictoire au reste du monde, démontrant un mépris flagrant pour les lois internationales et les valeurs humanitaires. En fin de compte, leur inaction perpétue le conflit israélo-palestinien et compromet la possibilité d’une paix durable dans la région. Et c’est peut-être ce qu’elles cherchent en réalité, à savoir maintenir le Moyen-Orient dans un état d’instabilité permanente en actionnant leur agent de toujours, Israël en l’occurrence, qu’elles financent et arment à flux tendu, sans parler de leurs sbires locaux, les roitelets arabes.

Il est temps pour les superpuissances de mettre fin à cette hypocrisie et d’agir en accord avec leurs déclarations publiques en reconnaissant officiellement la Palestine comme un État indépendant. Il est crucial que les principes de justice et d’équité prévalent sur les intérêts politiques étroits, afin de permettre enfin la réalisation de la paix dans la région.

* Expert en logistique et organisation industrielle.

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