Migrants détenus dans le désert du Maghreb avec les ressources de l’UE

Des migrants arrêtés dans les zones urbaines du Maghreb ou en mer, alors qu’ils tentaient de rejoindre les côtes européennes, puis déportés à bord de bus ou d’autres véhicules vers des zones désertiques et abandonnés là-bas, dans le but de les faire renoncer à leur intention.

Tel est le «modus operandi» utilisé par les forces de sécurité du Maroc, de la Mauritanie et de la Tunisie pour bloquer les flux migratoires, en utilisant des fonds et des ressources européennes, indique une enquête journalistique réalisée par le projet Lighthouse Report en collaboration avec divers journaux, dont Washington Post, El País, Le Monde et Irpi.

Ces méthodes de confinement des migrants à destination de l’Europe, expliquent ces médias, sont utilisées «systématiquement» depuis des années et font «presque exclusivement» pour victimes des personnes de couleur.

L’enquête s’appuie sur des dizaines d’entretiens, du matériel audiovisuel, des recherches de terrain et des documents officiels ou confidentiels.

El País, par exemple, raconte en détail les histoires d’un jeune Américain résidant à Rabat, Timothy Hucks, de deux jeunes Guinéennes interceptées en mer par les gendarmes mauritaniens, Idiatou et Bella, et d’un Camerounais de 38 ans bloqué par les garde-côtes tunisiens avant de parvenir à Lampedusa, François : tous les quatre ont vécu des expériences similaires et très dures, se retrouvant malgré eux dans des zones reculées après avoir subi des arrestations sommaires et des déportations forcées.

Selon des sources européennes consultées par les auteurs de l’enquête, ces méthodes utilisées pour bloquer le flux de migrants d’Afrique vers l’Europe sont «largement connues» dans les institutions communautaires, bien qu’elles ne soient pas reconnues au niveau officiel.

La Tunisie, la Mauritanie et le Maroc ont obtenu ces dernières années de larges ressources allouées aux politiques migratoires de la part de l’Union et des États membres (dont l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne) : par exemple, entre 2015 et 2021, ils ont été bénéficiaires de 400 millions d’euros de l’UE, Fonds d’urgence pour l’Afrique, tandis que leurs forces de police ont reçu des véhicules, de la technologie et un soutien en matière de formation. Les gouvernements impliqués nient que leurs politiques migratoires incluent des pratiques illégales, écrit El País.

Traduit de l’italien.

Source : Ansamed.

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