Tabarka, une perle oubliée  

Avec ses sites naturels imprenables, ses vestiges archéologiques, ses nombreux hôtels, son port de plaisance, son parcours de golf et son aéroport international construit dans les années 1990 **, Tabarka (Jendouba) ne parvient toujours pas à décoller comme une destination touristique à part entière. Que lui manque-t-il ?

Elyes Kasri *

Magnifique coucher du soleil sur Tabarka, cité plurimillénaire (plus de 2800 ans d’histoire) qui a suscité tant d’espoirs et d’engouement international dans les années 70 avec son festival international du Jazz grâce à la vision de pionniers comme Lotfi Belhassine.

Un demi-siècle plus tard, ces espoirs semblent s’estomper malgré la beauté imprenable du site et la bonté des autochtones.

Ceux qui ont vécu le Festival de Jazz de Tabarka à son apogée ne pourront s’empêcher d’avoir un pincement au cœur de voir une marina quasi désertée par les touristes et des unités hôtelières soit fermées ou tournant au ralenti.

Il n’est pas excessif de dire que la Tunisie est un pays spectaculairement beau mais malheureusement desservi par un manque d’audace et de foi en ses qualités exceptionnelles.

Lors de mon récent séjour à Tabarka, de nombreux autochtones m’ont signalé avec beaucoup d’amertume que, si le centre de la Tunisie dispose de deux aéroports (Enfidha et Monastir) et le sud de quatre aéroports (Sfax, Gafsa, Nafta et Djerba), le nord de la Tunisie, avec ses sites naturels imprenables et ses nombreux vestiges archéologiques, ne dispose que d’un aéroport (Tabarka) qui est presque à l’arrêt.

Alors que cette région répond aux critères de diversification du produit touristique (tourisme balnéaire, d’hiver, écologique et culturel…), il reste quand même curieux que, faute d’une autoroute ou d’une route express menant de la capitale à Tabarka-Ain Draham, l’aéroport de Tabarka ne puisse pas jouer son rôle de développement économique et touristique dans une région qui en a en même temps un grand besoin et un potentiel incontestable.

En fait, le sous-développement n’est pas une fatalité, mais la résultante d’un déficit de courage, de vision et de volonté de développement inclusif et durable.

* Ancien ambassadeur.

** NDLR: Ces infrastructures ont été érigées dans les années 1990 sous l’impulsion personnelle de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, qui croyait fermement en l’avenir touristique de cette ville du nord-ouest. Mais les investissements consentis par l’Etat et par les privés n’ont pas été rentabilisés. Cherchez l’erreur !

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