Bassem Trifi : «La Tunisie est en passe de devenir une grande prison»

La Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) a organisé, samedi 8 juin 2024, une rencontre régionale à son siège à Jendouba sous le slogan «Tous les droits pour tout le monde», à laquelle ont pris part ses militants à Jendouba, Béja, Kef, Siliana et Mateur.  

 Dans une déclaration à IFM, le président de l’organisation, Bassem Trifi, a qualifié la situation des droits de l’homme actuellement en Tunisie de «catastrophique et inquiétante». «Les atteintes aux droits et aux libertés sont désormais systématiques», a-t-il affirmé.

Les discussions des membres de la LTDH dans les régions du Nord-Ouest et du Centre-Ouest ont surtout porté sur le fameux décret n°54 et sur la nécessité de l’amender de manière à garantir qu’il n’affecte pas les droits et les libertés, et notamment la liberté de pensée et d’expression, a aussi déclaré Bassem Trifi, ajoutant que la Tunisie est en passe de devenir une grande prison où toute personne qui pratique les libertés et les droits que lui a conférés la révolution de 2011 risque d’être jugé et condamné en vertu du décret déjà cité et d’autres lois prévoyant des peines privatives de la liberté.

Il s’agit du décret n°54-2022 relatif à «la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication» en vertu duquel de nombreux journalistes, acteurs politiques et militants de la société civile sont poursuivis en justice.

Ce texte très controversé, plusieurs députés ont voulu le faire amender, mais ils n’ont pas réussi à faire entendre leur voix au sein de l’Assemblée

Le président de la LTDH a ajouté que les participants à la rencontre ont évoqué le problème de l’instrumentalisation de la justice pour porter atteinte aux adversaires politiques et à toute opinion divergente ou critique à l’égard du pouvoir. Ils sont également insisté sur la nécessité d’unifier les actions des organisations et associations de la société civile et des forces progressistes en vue de former un large front civil voué à la défense des droits et des libertés.

Ce front prendra corps lors d’une conférence nationale regroupant l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le Conseil de l’ordre des avocats tunisiens (Coat), le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et la LTDH. Et il fera la lumière sur la situation des droits et des libertés en Tunisie et des moyens de les défendre, a-t-il expliqué, sans préciser si cette conférence a déjà été décidée et si sa date a été fixée.

I. B.

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