Les résultats des élections du Parlement européen, révélés hier soir, dimanche 10 juin 2024, ont révélé la forte avancée de l’extrême droite dans le Vieux Continent, notamment en France et en Allemagne, piliers et moteurs de l’architecture européenne. (Illustration: ce à quoi va rassemblement le nouveau Parlement européen, en attendant le résultat final).
Elyes Kasri *
Cette lame de fond va déstabiliser le paysage politique européen à commencer par la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue d’élections législatives anticipées (30 juin-7 juillet) annoncées par le président Français Emmanuel Macron face à la défaite cinglante de son parti devant le Rassemblement National, héritier du Front National, anciennement considéré comme un ramassis d’infréquentables pestiférés racistes d’extrême droite.
Il faut dire que les thèses du «grand remplacement» et du «complot ethnique» ainsi que les ratonnades et la chasse à l’étranger sont devenues monnaie courante chez certains pays du sud de la Méditerranée, légitimant ainsi les thèses de l’extrême droite européenne jadis considérées honteuses, xénophobes et racistes.
En Tunisie, il faudra bien peser le supposé risque posé par quelques dizaines de milliers de Subsahariens sur notre territoire, face aux risques réels courus par plus d’un million de Tunisiens vivant en Europe, réguliers et clandestins, car ce tsunami xénophobe, avant tout socioculturel et ultérieurement politique, n’épargnera personne sur le sol européen parmi les Arabes, Africains et de surcroît musulmans, tiercé diabolique pour l’extrême droite européenne, devenue désormais le mainstream ou la pensée dominante en Europe, traditionnellement le premier partenaire économique et principale destination migratoire pour les Tunisiens.
En fin de compte, le nouvel ordre mondial qui se dessine à nos frontières n’est pas aussi idyllique que certains exaltés espéraient.
* Ancien ambassadeur.