Présidentielles tunisiennes : les mystères de Carthage  

Il est tout de même étonnant que l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) ne sache pas encore la date exacte de la prochaine élection présidentielle qui devrait se tenir à l’automne prochain, c’est-à-dire dans seulement quatre mois.

Nous nous contentons d’exprimer notre étonnement pour ne pas dire autre chose qui nous vaudrait des poursuites judiciaires de la part de la commission électorale dont la direction semble ne plus supporter les critiques et le fait savoir en intentant des procès contre ceux et celles qui dénoncent certaines de ses pratiques ou décisions.

On s’étonne de la déclaration faite hier, jeudi 27 juin 2024, par Najla Abrougui, membre de l’Isie qui a déclaré à l’agence officielle Tap que la date du premier tour des prochaines élections présidentielles aura lieu le 6, le 13 ou le 20 octobre 2024 (appréciez la précision !), ajoutant que la date limite pour la convocation des élections par le président de la république est le 20 juillet. Elle renvoie ainsi la balle au locataire du Palais de Carthage dont le mandat devrait normalement s’achever avant la fin de cette année, et qui n’a pas encore fait part clairement de son intention de se porter candidat à sa propre succession, même si tous ses actes et toutes ses déclarations le laissent deviner.

Donc, et en attendant que le chef de l’Etat daigne enfin lever le mystère aussi bien sur la date des prochaines présidentielles que sur ses propres intentions de s’y présenter, les membres de l’Isie se préparent à ce rendez-vous avec toute l’application et le sérieux requis.

C’est ainsi que la commission électorale a entamé, mercredi 26 juin, l’examen du projet de révision de sa décision n°20 de 2014, en date du 8 août 2014, relative aux règles, procédures et modalités de financement de la campagne électorale, en attendant son approbation ultérieure, comme l’a expliqué Mme Abrougui dans sa déclaration à la Tap.  

Le conseil d’administration de l’Isie avait convenu à l’unanimité d’adopter le casier judiciaire (Bulletin n°3) comme condition préalable à la candidature aux élections présidentielles, afin de vérifier que les candidats potentiels jouissent de leurs droits civils et politiques et ne sont pas impliqués dans l’un des délits électoraux prévus aux articles 161 et 163 du Code électoral. Ces délits, rappelons-le, sont passibles de peines de prison pour avoir empêché les électeurs d’exercer leur droit de vote ou de recevoir des financements étrangers.

Concernant les conditions d’acceptation des candidatures, Mme Abrougui a indiqué que les membres du conseil d’administration de l’Isie ont convenu à l’unanimité d’adopter l’obligation de recueillir les cautions de 10 districts, avec un minimum de 500 cautions par district.

En ce qui concerne les soutiens parlementaires, il a été convenu de limiter le nombre de soutiens à 10 membres de l’Assemblée des représentants du peuple, 10 membres du Conseil national des régions et des districts ou à 40 conseils élus (locaux, régionaux et de district).

Mme Abrougui a ajouté que l’Isie préparera un modèle pour le document d’approbation du candidat, qui sera publié sur le site Internet de la commission afin d’éviter toute manipulation ou fraude.

La commission va également développer une application de contrôle des procurations, d’autant que la justice tunisienne examine encore 236 dossiers liés à des procurations frauduleuses lors des élections législatives de 2014, 2019 et 2022.

La commission veillera à ce que les candidats ne reçoivent pas de financement étranger, suspect ou anonyme, a-t-elle ajouté, tâche qui sera assurée avec l’aide des instances de contrôle, dont la Commission tunisienne d’analyse financière (Ctaf) relevant de la Banque centrale de Tunisie.

I. B.  

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