L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (Onudc) organise une table-ronde à Tunis le 1er et 2 juillet 2024, réunissant des partenaires nationaux et des représentants de la communauté internationale afin de discuter des mesures efficaces dans la lutte contre l’abus et le trafic de drogues.
Cet événement vise à mettre en lumière les efforts de la Tunisie pour réduire la demande et l’offre de drogues, renforcer la prévention, et promouvoir la coopération internationale en vue de créer une société mondiale sans drogue. Il coïncide également avec le lancement du Rapport mondial sur les drogues 2024 (WDR 2024), dévoilant les informations les plus récentes sur la consommation, la production et le trafic de drogues.
Cette table-ronde a débuté par des discours d’ouverture des autorités tunisiennes et de l’Onudc, suivis d’une série de présentations et de discussions interactives. Parmi les temps forts, la présentation des principales tendances décrites dans le dernier WDR a offert un focus approfondi sur la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
La Tunisie a également présenté sa stratégie nationale de prévention, de réduction des risques et de prise en charge des troubles liés à l’usage de substances psychoactives illicites dans la communauté et en milieu carcéral pour la période 2021-2025, développée grâce à l’appui technique de l’Onudc, ainsi que le projet pilote en cours d’initiation permettant le lancement d’un programme de traitement aux agonistes opioïdes (Méthadone) d’ici septembre 2024.
Cette stratégie ambitieuse vise à améliorer les services disponibles de prévention et de traitement, à renforcer les capacités des professionnels de la santé et des services sociaux, et à promouvoir des interventions basées sur des preuves pour réduire les risques associés à l’usage de drogues.
En milieu carcéral, des programmes spécifiques sont déployés pour offrir un soutien approprié aux détenus, favorisant leur réinsertion et réduisant la récidive.
L’événement a mis en lumière l’importance cruciale de la prévention comme une responsabilité commune. En travaillant ensemble, les gouvernements, les organisations non gouvernementales, les communautés locales et les partenaires internationaux peuvent construire des approches solides pour la prise en charge des troubles liés à l’usage de drogues.
La première journée de la table-ronde a été consacrée aux questions de prévention et de traitement des usagers de drogues, reflétant le thème assigné à la Journée internationale de la drogue 2024, dédiée précisément à la prévention.
La situation en Tunisie
À cet égard, le ministère de la Santé a présenté par le biais du Centre d’assistance médicale d’urgence (Camu) une analyse innovante des eaux usées de 2023, tandis que l’Institut national de santé publique (INSP) a partagé les résultats clés de l’enquête nationale MedSpad III (Mediterranean School Survey Project on Alcohol and Other Drugs) de 2021 avec les tendances de l’usage des substances chez les enfants scolarisés en Tunisie.
Le Centre Tanit (Hôpital Razi) a partagé son expérience pionnière dans la prise en charge des femmes usagères de drogues à travers une approche biopsychosociale centrée sur la personne tenant compte du genre.
Le centre de prise en charge Espoir situé à Jbel El Oust a également présenté le travail effectué par son équipe multidisciplinaire pour la prise en charge des personnes ayant des problèmes d’addiction.
Deux stands ont été dédiés à ces deux centres, ou ils ont pu présenter les travaux artistiques, faits par les usagers de drogues dans le cadre de leur programme de prise en charge incluant la thérapie avec l’art.
Le ministère de l’Éducation a également apporté une contribution importante avec une présentation sur les programmes de prévention en milieu scolaire. Le ministère de la Justice, représenté par le Comité général des prisons et de la rééducation a présenté la prise en charge des troubles liés à l’usage de substances chez les détenus ainsi que l’impact des thérapies cognitives et comportementales (TCC) mises en œuvre dans les prisons tunisiennes comme une expérience pilote et une première dans la région arabe, basée sur le changement de comportement, la facilitation de la réhabilitation et la réinsertion.
Pendant le deuxième jour, consacré aux principales caractéristiques détectées dans le trafic de drogue qui touche la Tunisie et aux stratégies pour les combattre, le ministère de l’Intérieur a partagé des informations détaillées sur les tendances du trafic de drogues au cours des cinq dernières années, illustrant les défis persistants et les succès obtenus.
La Direction générale des Douanes du ministère des Finances a, quant à elle, discuté des stratégies pour améliorer les efforts nationaux de lutte contre les stupéfiants, mettant en avant des initiatives récentes et des collaborations internationales fructueuses.
Une approche unifiée et coordonnée
Pareillement, pour souligner comment la coopération internationale et l’échange d’informations sont des éléments clés pour lutter efficacement contre le trafic de drogues et les abus, en assurant une réponse collective et harmonisée des États membres, l’Onudc a présenté la Position commune des Nations Unies sur les drogues, et a mis l’accent sur la nécessité d’une approche unifiée et coordonnée pour faire face aux défis mondiaux liés à la drogue. Cette stratégie repose sur la promotion de politiques équilibrées et intégrées qui mettent l’accent sur la réduction de l’offre et de la demande, tout en respectant les droits humains et en renforçant les systèmes de santé publique.
En conclusion, cet événement a offert une visibilité accrue à la Tunisie, mettant en avant les efforts des différents acteurs nationaux, mais également son appel à intensifier les efforts conjoints pour réduire l’offre de drogues dans le pays et la région.
La table-ronde a également illustré les principes clés de l’Onudc: soutenir les États membres, valoriser les données et la recherche pour élaborer des politiques efficaces, et renforcer la collectivité de la communauté internationale pour résoudre les défis mondiaux.
Après la clôture de la table-ronde, les participants sont allés visiter le Centre Tanit à l’Hôpital Razi, une unité médicale dédiée exclusivement aux femmes usagères de drogues, prises en charge par une équipe multidisciplinaire via une approche biopsychosociale, incluant les psychothérapies, des activités génératrices de revenus, des formations qualifiantes , des activités sportives et de loisir, ainsi qu’un espace de garderie d’enfants, permettant aux femmes ayant des enfants de suivre leurs thérapies en toute tranquillité. Les échanges avec les professionnels de ce centre et des bénéficiaires en mis en lumière des histoires de réussite et d’espoir en matière de réhabilitation et de réinsertion dans la société.
Communiqué.