Selon l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), la période électorale de la présidentielle du 6 octobre a démarré hier, dimanche 14 juillet, et se poursuivra jusqu’à la proclamation des résultats définitifs du scrutin. Ce que l’Isie ne dit pas en revanche c’est que ces élections vont se dérouler dans une drôle d’ambiance. (Illustration : la commission électorale se dit prête. Espérons que les électeurs le seront aussi).
Imed Bahri
Dans un communiqué publié dimanche, l’Isie, qui semble réduire son rôle à l’aspect technique de l’organisation et du contrôle des élections, a annoncé avoir entamé le contrôle de l’espace public pour tout ce qui concerne la présidentielle, conformément à l’article 134 de la Constitution et des articles 2 et 3 de la loi organique n° 2012-23 portant création de la commission électorale.
Dans ce contexte, l’Instance des élections a précisé que le contrôle concerne, notamment, l’interdiction de la publicité politique (article 3, 57 et 154 de la loi électorale) et de la publication des résultats de sondages d’opinion directement ou indirectement liés aux élections ainsi que les études et commentaires journalistiques y afférents à travers les différents médias (articles 70 et 156).
La commission électorale veille au grain
L’Isie a, en outre, rappelé qu’il est interdit, durant la période électorale, d’annoncer, par le biais des médias, la mise en place d’une ligne téléphonique gratuite, d’une boite vocale ou d’un centre d’appels en faveur d’un candidat aux élections (articles 58 et 152).
L’Instance a affirmé sa détermination à faire respecter la loi pour garantir l’intégrité du processus électoral et lutter contre les discours haineux et la désinformation des électeurs, et ce conformément aux lois en vigueur.
L’Isie a, en outre, fait noter qu’elle exercera, en coordination avec les institutions concernées, un contrôle sur le financement des activités des candidats à la présidentielle, des partis politiques et des associations actives dans le domaine des élections.
Voilà pour l’aspect contrôle : l’Isie promet de s’y atteler avec la rigueur qu’on lui connaît. On peut donc lui faire confiance pour traquer les abus que commettraient tel ou tel candidat, tout en espérant que tous les candidats seront traités sur un même pied d’égalité. Et c’est là une autre affaire…
Reste que pour les candidatures, on n’est pas encore édifié. Si les candidats à la candidature se bousculent au portillon, on ne sait pas encore qui d’entre eux va pouvoir dépasser l’étape de l’intention, qui va réunir le nombre de parrainages requis, qui va finalement avoir le fameux sésame et qui va en être privé, sachant que certains candidats autoproclamés sont en prison, faisant l’objet de poursuites judicaires, et ne savent pas quel traitement leur sera réservé.
Complications et incertitudes
Il y a eu, à cet effet, un précédent : la veille du scrutin de 2019, Nabil Karoui était incarcéré. Il a été libéré à temps pour faire sa campagne électorale. Passé au second tour, il a perdu face au président actuel, qui avait alors plaidé pour la libération de son adversaire. Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), incarcérée depuis le 3 octobre 2023 et poursuivie dans plusieurs affaires, toujours en cours d’instruction, aura-t-elle cette chance? Wait and see…
L’autre inconnue concerne le président sortant, Kaïs Saïed en l’occurrence, dont la candidature ne fait pas l’ombre d’un doute chez ses partisans, mais qui tarde à faire part lui-même clairement de ses intentions. Quoiqu’on ne voit pas quelle «catastrophe» pourrait l’empêcher de rempiler pour un second mandat.
Voilà pour l’ambiance générale, qui présente autant de complications que d’incertitudes. Ce qui ne facilitera pas la tâche des électeurs dont on espère qu’ils ne boycotteront pas le prochain scrutin comme ils l’ont fait lors des deux précédents, en 2022 (législatives) et 2023 (locales) où le taux de participation a été d’environ 12%.