La lutte contre les trafiquants d’êtres humains doit être la pierre angulaire de la gestion des flux migratoires, a déclaré la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui affirme avoir créé une coalition sur ce front au sein du G7 et cherche à mettre en place une collaboration plus étroite également avec les pays d’Afrique du Nord.
Meloni, qui participait mercredi 17 juillet 2024 en Libye au Forum sur les migrations transméditerranéennes, avec son ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi, a insisté sur le fait que «les migrants illégaux sont les ennemis des migrants légaux : ces dernières années, en Italie, nous n’avons pas pu permettre la venue de nombreux migrants légaux parce que nous avions trop de clandestins.»
Pendant ce temps, il y a un accrochage entre la première ministre et l’ONG Sea-Watch International, qui sur les réseaux sociaux a attaqué Meloni et Piantedosi pour avoir accepté l’invitation de Dabaiba en Libye : «Quoi qu’ils disent, cela vise probablement à augmenter le nombre de morts» en Méditerranée, a lancé l’Ong. Ce à quoi Meloni a répondu en déclarant : «L’ONG Sea Watch, qui n’a rien à dire sur les passeurs qui se sont enrichis en tuant des milliers de personnes, nous souhaite ‘‘tout le mal possible du fond du cœur’’ parce que nous allons en Libye pour discuter de la façon d’arrêter l’immigration illégale», ajoutant que «le gouvernement italien continuera à œuvrer pour mettre fin au trafic d’êtres humains, à l’immigration clandestine et aux morts en mer».
Parmi les nombreux problèmes d’un pays divisé en deux et en constante instabilité, le gouvernement d’unité nationale de Tripoli, dirigé par le Premier ministre Abdul Hamid Dabaiba, «doit gérer la présence de 2,5 millions d’étrangers, dont la plupart sont entrés en Libye de manière irrégulière», a expliqué le ministre libyen de l’Intérieur par intérim Emad Trabelsi.
Le rôle des organisations criminelles à l’origine du phénomène est décrit par les récits de migrants secourus par des navires d’ONG, comme ceux secourus fin juin par Geo Barents, partis des côtes libyennes et qui affirmaient avoir été torturés et échangés entre les autorités locales et des milices.
Une plainte a été récemment déposée auprès du parquet de Rome par Mediterranea Saving Humans contre «les soi-disant garde-côtes libyens» qui, avec l’un des patrouilleurs offerts en 2018 par l’Italie, ont ouvert le feu, le 4 avril, contre des personnes naufragées et des sauveteurs lors d’une intervention du Mare Jonio dans les eaux internationales.
Piantedosi a souligné que l’objectif n’est pas «d’alléger la situation migratoire en Italie ou en Europe» mais de créer les conditions pour une réduction régionale des flux illégaux au bénéfice de tous les pays car «lorsque les migrants arrivent sur les côtes nord-africaines pour embarquer, nous avons tous déjà compromis notre capacité à empêcher les flux migratoires irréguliers».
Parmi les invités du forum de Tripoli figurent également le Premier ministre maltais Robert Abela, celui de Tunisie Ahmed Hachani et le commissaire Margaritis Schinas Schinas. Meloni leur a rappelé, ainsi qu’aux autres partenaires méditerranéens, «la nécessité de travailler ensemble». Et elle a souligné la nécessité d’intervenir sur les causes originelles de la migration. Avec le Plan Mattei, a-t-elle expliqué, l’Italie veut donner «un bon exemple», pour «une approche égale» avec les pays africains, en y apportant «des investissements qui résolvent les problèmes des deux parties». Meloni s’est ensuite envolée de Libye pour le Royaume-Uni, pour participer près d’Oxford au sommet de la Communauté politique européenne, où pour la première fois – soulignent des sources italiennes – la question migratoire a été inscrite à l’ordre du jour, à l’instigation de Rome et de Tirana.