Kaïs Saïed : «La Tunisie a donné ce qu’elle pouvait aux migrants»

«Notre pays, fier de ses racines africaines, a offert ce qu’il pouvait aux migrants, derrière lesquels se cachent les réseaux de trafic d’êtres humains. La Tunisie ne peut accepter d’être un point de transit ou un lieu de résidence pour les migrants irréguliers.»

Le président de la république Kaïs Saïed a tenu ces propos en recevant, hier, jeudi 18 juillet 2024, le chef du gouvernement, Ahmed Hachani, au Palais de Carthage pour examiner les résultats de sa participation aux travaux du Forum sur les migrations transméditerranéennes tenu cette semaine à Tripoli, en Libye.

Sur la question migratoire, le chef de l’Etat a souligné que «la solution ne peut être que collective à travers le démantèlement des réseaux criminels responsables de ce phénomène anormal. De plus, ces migrants sont victimes d’un système économique mondial injuste», selon une note de la présidence.

Pour Hachani, «la migration irrégulière augmente au Nord et au Sud en raison de la pauvreté et du changement climatique» et cette question délicate doit être abordée collectivement dans les pays d’origine, de transit et d’accueil. «La solution à la migration irrégulière n’est pas européenne et doit être abordée par tous ensemble», a-t-il déclaré à Tripoli. «Même si l’aide apportée à la Tunisie a été modeste, tous les moyens logistiques et matériels disponibles ont été utilisés pour résoudre le problème de la migration irrégulière», a ajouté Hachani, soulignant que «la Tunisie a fait tout ce qui était en son pouvoir pour garantir le respect des droits humains des migrants».

Cette version est contestée par diverses ONG et associations de défense des droits humains qui accusent au contraire depuis des mois les forces de police tunisiennes de violences contre les migrants. Un article de l’Irpimedia du 17 juillet a même identifié ce qu’il a appelé «les responsabilités de la Garde nationale tunisienne dans le naufrage du 5 avril 2024», en produisant «des témoignages, des images satellites et des vidéos des réseaux sociaux» et décrivant la mort d’au moins 15 migrants.

De son côté, la Garde nationale souligne que ce sont les migrants eux-mêmes qui ont des attitudes violentes à l’égard des agents, et hier encore on apprend que le parquet de Sfax a ouvert une enquête sur 38 migrants subsahariens irréguliers en détention parce qu’«ils ont refusé d’obéir aux ordres d’arrêt des patrouilles des garde-côtes, allant même jusqu’à attaquer violemment plusieurs officiers».

Le ministre de l’Intérieur Khaled Nouri, a déclaré depuis Tripoli que la Tunisie est devenue l’un des pays les plus touchés par la migration irrégulière, la destination privilégiée de tous ceux qui souhaitent se diriger vers l’Europe, un facteur qui a généré des problèmes dans le pays et des conséquences économiques, sociales et sécuritaires.

Nouri a ensuite fourni des chiffres très importants selon lesquels, dans la période du 1er janvier au 14 juillet de cette année, 74 464 personnes ont été arrêtées alors qu’elles tentaient de franchir les frontières maritimes de la Tunisie vers l’Europe, contre environ 45 000 sur toute la période 2022.

Traduit de l’italien.

D’après Ansamed.