Couverture médiatique des élections : la commission électorale impose son contrôle

L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a publié lundi 22 juillet 2024 une décision fixant les règles d’accès aux médias, de couverture médiatique et les procédures que doivent respecter les médias en période électorale, et ce en perspective des élections présidentielles dont le 1er tour est fixé au 6 octobre prochain.

La décision, datée du 17 juillet, modifie et complète la décision n°8 de 2018. Elle vise à garantir une couverture équitable et transparente de la campagne électorale, en définissant des obligations spécifiques pour les médias audiovisuels, imprimés et électroniques.

Les modifications apportées portent notamment sur l’ajout d’un nouveau paragraphe à l’article 2, sur le principe de participation et d’accès équitable aux médias pour tous les candidats.

Les discours doivent être répartis équitablement en termes de plages horaires.

Un deuxième paragraphe a également été ajouté à l’article 13 bis, axé sur le suivi par l’Isie des programmes d’information ou de débat, des programmes d’expression directe ou autres forums et contenus médiatiques diffusés dans les médias audiovisuels.

«Une unité spéciale sera créée à cet effet et commencera ses travaux après ladoption du calendrier électoral», selon ce nouvel amendement.

Ce travail de monitoring médiatique était, rappelons-le, assuré par la Haute instance indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica), en collaboration avec l’Isie, mais celle-ci semble avoir voulu accaparer la responsabilité de l’ensemble de l’opération électorale, surtout après la marginalisation de la Haica par le régime instauré par la proclamation de l’état d’exception le 25 juillet 2021.    

Un nouveau paragraphe a également été ajouté à l’article 18, stipulant que «lInstance doit signaler au procureur de la république toute suspicion dinfraction ou de crime électoral commis par les médias de quelque nature que ce soit pendant la période électorale», ce qui on l’imagine ne va pas inciter les médias à s’engager sans filet dans la couverture des élections au risque de se trouver devant le juge. Mais c’est là une autre histoire…

Par ailleurs, un paragraphe a été ajouté à l’article 13 (12 nouveau) stipulant que l’Isie peut organiser des débats entre candidats en coordination avec les médias publics. Les médias audiovisuels privés peuvent diffuser ces débats après coordination avec l’autorité électorale et les établissements de radio et de télévision tunisiens.

Là encore, cette discrimination entre les médias publics et les médias privés n’est pas de nature à améliorer l’image de l’Isie auprès de ces derniers qui ne peuvent s’empêcher de penser qu’ils sont en quelque sorte sinon exclus du moins discriminés.

Les mauvaises langues diront, quant à elles, qu’avec des médias publics sous contrôle, les craintes d’écarts se trouvent considérablement réduites.

I. B.   

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