À l’heure où l’Iran et ses alliés dans le Moyen-Orient semblent jouer avec les nerfs d’Israël en retardant leur réplique aux assassinats ciblés du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran et du dirigeant du Hezbollah Fouad Shukr à Beyrouth, tout semble figé en Israël et l’économie paralysé.
Imed Bahri
Situation que le belliqueux Premier ministre israélien et sa clique de va-t-en-guerre ne supportent pas, la posture de celui qui subit semble les déranger et veulent mener des frappes préventives contre le Hezbollah et l’Iran pour les empêcher de répliquer aux assassinats. Sauf qu’une de ces frappes préventives peuvent mettre le feu dans la région et empoisonner l’élection américaine ce que le camp démocrate a compris et refuse catégoriquement car une telle situation profiterait à Donald Trump que Benjamin Netanyahu souhaite revoir au pouvoir.
Selon un article du Yedioth Ahronoth, Israël souhaiterait lancer une frappe préventive contre l’Iran ou le Hezbollah au Liban mais la pression de Washington l’entrave et l’administration du président américain Joe Biden et de sa vice-présidente Kamala Harris refuse catégoriquement le déclenchement d’une guerre régionale à l’approche des élections présidentielles américaines et ce refus d frappe préventive expose, selon le journal israélien, Tel-Aviv à des dommages moraux, psychologiques et économiques. Le journal a qualifié cette période d’attente de dévastatrice et de frustrante pour Israël.
Dans son analyse, le journaliste israélien Ron Ben Yishai critique la corrélation entre la volonté d’Israël de frapper et la nécessité de l’assentiment des États-Unis d’autant plus qu’ils sont incapables de lancer une attaque préventive contre l’Iran sans le soutien américain. Il affirme également que, malgré leur préparation pour attaquer le Hezbollah en quelques minutes grâce à l’état de préparation d’équipement et des plans, Washington les empêche par crainte du déclenchement d’une guerre régionale.
Israël au cœur d’un bloc occidental cohésif
L’auteur déplore l’époque où Israël était capable de traiter indépendamment avec chaque camp de l’axe de la résistance individuellement notant que toute attaque déclencherait désormais une guerre avec l’ensemble de l’axe dirigé par l’Iran et plongerait la région dans une guerre régionale que l’administration Biden rejette catégoriquement.
L’article du Yedioth Ahronoth indique que les relations israélo-américaines sont symbiotiques dans la mesure où les États-Unis fournissent à Israël une aide financière et militaire et en profitent pour faire face aux menaces régionales telles que les ambitions nucléaires de l’Iran et pour réaliser leurs efforts de sécurité dans la région. Il estime qu’Israël doit exploiter cette relation et l’opportunité de faire converger ses intérêts avec les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France pour former un bloc occidental cohésif qui renforce ses intérêts en matière de sécurité sans perdre son indépendance dans la prise de décision.
Le journal souligne la nécessité pour Israël de faire preuve de prudence en équilibrant les risques de devenir dépendant des politiques et des priorités des États-Unis et d’autres alliés et les multiples avantages que ces relations apportent.
Le quotidien israélien énumère les raisons du refus de l’administration Biden et Harris de déclencher une guerre régionale notant que les chances du Parti démocrate de remporter les prochaines élections diminueront si des soldats ou des civils américains sont tués dans des bases militaires américaines en Irak ou en Syrie à la suite de l’escalade régionale ou si davantage de soldats sont envoyés à la guerre pour y mourir.
Les calculs électoraux américains
L’auteur ajoute que le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine Donald Trump utilisera le déclenchement d’une guerre régionale comme preuve de l’échec de l’administration Biden et pour attaquer le candidat démocrate Harris. Il souligne que la guerre pourrait affaiblir la position du Parti démocrate lors des prochaines élections car le soutien des membres du parti pro-palestinien pourrait diminuer en particulier dans l’État charnière du Michigan, bastion de l’électorat d’origine arabe qui comprend un grand nombre de partisans de la Palestine et qui est un État important pour remporter les élections de début novembre prochain.
Sur un autre plan, les Américains redoutent qu’une guerre régionale au Moyen-Orient détournerait l’attention du monde et des États-Unis ce qui permettrait à la Russie de faire avancer ses objectifs de guerre dans la guerre contre l’Ukraine et à la Chine de profiter du chaos.
Les calculs électoraux américains mais aussi géopolitiques ne convergent donc pas avec les calculs personnels du pyromane Netanyahu qui veut toujours plus de guerre pour se maintenir au pouvoir et pour détériorer la situation afin qu’elle ramène au pouvoir son meilleur allié à Washington Donald Trump, serviteur zélé des desseins sionistes et liquidateur de la cause palestinienne avec ses Accords d’Abraham.
Les deux prochains mois seront extrêmement décisifs aussi bien pour les États-Unis, pour le Moyen-Orient, pour Israël, pour Netanyahu et pour tous les protagonistes des relations internationales et pendant ce temps plus l’Iran et son Axe retardent leur réplique plus Israël est paralysé et la tension s’accentue au sein de la société israélienne qui est au bord de la crise de nerfs.