Le suspense était mince et personne ne s’attendait à une surprise, car tout était visiblement fait pour baliser la voie à une réélection du président sortant, mais c’est le score soviétique attribué à Abdelmadjid Tebboune qui surprend par son ampleur : 94,65%. Excusez du peu, on fera mieux la prochaine fois!
Le 8 septembre 2024, Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), a tenu une conférence de presse pour annoncer les résultats préliminaires des élections présidentielles anticipées tenues la veille.
Et bien entendu, Charfi s’est félicité du fait que le scrutin se soit déroulé dans des conditions optimales et en toute transparence, assurant que l’Anie veillera à garantir les meilleures conditions pour la réussite de tout futur scrutin. Et au vu des résultats annoncés, on n’a aucune raison d’en douter. Jugez-en : Abdelmadjid Tebboune, le candidat du régime et donc de l’armée, a été élu sans coup férir avec 5 329 253 voix (sur 24,3 millions d’inscrits), soit un taux de 94,65%, suivi de Hassani Cherif avec 178 797 voix (3,17%) et Youssef Ouchiche avec 122 146 voix (2,16%). Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste modéré) et le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS) ont donc fini dans le décor, d’où ils n’auraient peut-être pas dû sortir.
Le taux de participation annoncé de 48% est certes remis en question par plusieurs observateurs qui ne comprennent pas comment il ait pu passer de 26% à 48% en trois heures (il était de 13,11% à 13 heures), d’autant que personne n’a vu des foules devant les bureaux de vote, mais c’est presque anecdotique. La démocratie en Algérie, pas plus que dans les autres pays arabes, n’est pas pour demain.
I. B.