Iran-Israël : Au-delà de la transe collective

Loin de l’excitation et de la transe collective («etakhmira») des personnes qui sur Facebook font de la surenchère de qui soutient le plus le Hezbollah et l’Iran et de jouer aux héros de la résistance devant leurs potes et les gens qui les suivent, je me permets quelques réflexions analytiques dépassionnées et objectives.

Chedly Mamoghli *

La réplique iranienne calibrée d’avant-hier soir est une bonne chose dans le sens où la bataille sera directe entre l’Iran et Israël (une partie de ping-pong entre eux). Ce n’est plus possible que la république islamique continue d’utiliser ad vitam æternam les autres pour faire ses guerres, il était temps qu’elle fasse elle-même ses guerres comme une grande. Le lion dans la jungle pour marquer son territoire ou bien pour régner sur toute la jungle, se bat lui-même et n’envoie pas les autres à sa place.

Les États-Unis soutiendront l’attaque israélienne sur l’Iran. Ils ne s’y préparent pas seulement par solidarité avec Israël mais aussi pour un objectif stratégique bien déterminé qui n’est pas de faire tomber le régime iranien mais de l’affaiblir pour qu’il soit le plus faible possible dans les négociations du prochain deal et pour que les États-Unis soient en position de force. Les Américains utilisent toujours les crises et les tensions non pas pour les résoudre mais pour les instrumentaliser à leur profit.

Concernant les régimes arabes que beaucoup de personnes insultent matin, midi et soir et à qui ils en veulent de ne pas bouger le petit doigt, espérer que ces régimes volent au secours de la république islamique c’est ne rien connaître et ne rien comprendre aux relations entre eux et cela prête à sourire. La république islamique (régime expansionniste dans ses germes avec la notion de «tasdir athawra», l’exportation de la révolution) a toujours œuvré depuis sa fondation en 1979 à les embêter, à les déstabiliser et à œuvrer à leur chute donc il ne faut pas blâmer les Arabes de ne pas voler au secours de l’Iran. Le «cercle de feu» théorisé par Qassem Soleimani pour cerner Israël par les groupes armés pro-iraniens est aussi un levier pour embêter et user certains pays arabes (on l’a vu entre les Houthis et l’Arabie saoudite par exemple ou bien avec les menaces répétitives des milices d’Al-Hachd Achaabi irakiennes pro-iraniennes contre la Jordanie). En plus, la question du nucléaire agace plus les pays arabes qu’Israël (qui la possède déjà) car l’Iran puissance nucléaire sera plus menaçante pour eux.

Concernant Israël, le génocidaire Netanyahu ne pourra pas sortir indemne des conflits actuels. L’offensive terrestre au sud du Liban ne sera pas une promenade de santé. À Gaza, l’armée israélienne n’a pas atteint ses objectifs après une année (détruire le Hamas, tuer Yahya Sinwar et libérer les détenus). Et pour l’Iran, il veut faire pourrir la situation pour qu’il n’y ait pas de deal entre les États-Unis et ce pays mais ce deal aura lieu, surtout si Kamala Harris est élue.

In fine, la géopolitique n’est pas un derby de foot pour s’exciter bêtement. La situation est complexe, c’est un conflit à grande échelle et donc ce n’est pas blanc ou noir. Il n’y aura pas un gagnant à 100% et un perdant à 100%. Il faut être dans la nuance pour comprendre les évènements et les enjeux.

* Juriste.

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