L’exil forcé des Palestiniens de Gaza est inacceptable

Les Palestiniens refusent l’exil forcé que l’on cherche à leur imposer. Ceux qui croient à cette fable devront affronter la résistance d’un peuple qui n’est pas prêt à abandonner son territoire pour qu’un promoteur immobilier devenu président vienne en prendre le contrôle et y faire construire… une riviera.

Khémaïs Gharbi

Nous vivons une époque où l’absurde se mêle à l’horreur avec une désinvolture révoltante. Donald Trump, depuis la Maison Blanche et aux côtés de Benjamin Netanyahu, vient d’annoncer que les habitants de Gaza doivent quitter définitivement leur territoire, sous prétexte qu’il est devenu «invivable». Pire encore, il a ajouté que, puisqu’il y a «du soleil», on pourra y «construire de belles choses». Comme si un peuple pouvait être expulsé et relogé au gré des ambitions géopolitiques ou que la destruction systématique de son territoire pouvait être effacée par une simple déclaration.

Cette annonce n’est pas seulement cynique, elle est criminelle. Après quinze mois d’un bombardement intensif qui a fait des dizaines de milliers de morts et rasé des quartiers entiers, voilà que l’on vient décréter que Gaza est inhabitable et que ses habitants doivent partir. Mais qui a rendu Gaza invivable, sinon ceux qui l’ont méthodiquement détruite? Ne sont-ce pas les Israéliens et leurs alliés occidentaux et à leur tête les Etats-Unis?

Depuis des décennies, cette population subit un blocus inhumain, des guerres à répétition, des privations de tout, et maintenant, après cette destruction massive, on leur refuse même le droit de rester sur leur terre et de reconstruire eux-mêmes leurs habitations. C’est une tentative de nettoyage ethnique maquillée en geste humanitaire.

On massacre un peuple, puis on prétend que son territoire est «invivable» pour mieux le chasser. Si cela n’est pas un génocide, alors qu’est-ce qu’un génocide? Il ne s’agit plus seulement de tuer, mais d’éradiquer toute existence palestinienne sur cette terre, de nier leur droit à l’appartenance, de leur refuser même la possibilité de reconstruire.

Une solution finale à la question palestinienne

Ce que Trump et Netanyahou annoncent, c’est une solution finale à la question palestinienne : Gaza sans Palestiniens.

Mais les faits sont là : malgré les destructions, malgré la souffrance, malgré la faim, les habitants de Gaza n’ont jamais cessé de revenir vers le nord du territoire dès que les bombardements cessent. Plus de 500 000 personnes ont tenté de retrouver leur foyer, ou ce qu’il en reste. Pourquoi ? Parce qu’un peuple ne disparaît pas sur ordre. Parce qu’ils ne sont ni stupides, ni naïfs, ni prêts à renoncer à leur terre sous prétexte que d’autres ont décidé pour eux qu’elle ne leur appartenait plus.

L’hypocrisie est totale. Si l’on suivait cette logique, pourquoi ne propose-t-on pas aux Ukrainiens de quitter leur pays, sous prétexte que Marioupol ou Bakhmout sont en ruines? Pourquoi leur résistance est-elle saluée et soutenue, tandis que celle des Palestiniens est criminalisée? Pourquoi, lorsqu’il s’agit de Gaza, parle-t-on de «solution» et non de «crime» ? Parce que, dans cette vision du monde, certains peuples ont droit à la souveraineté et à la reconstruction, et d’autres sont condamnés à l’errance et à l’effacement.

Les Palestiniens reconstruirons eux-mêmes leur pays

Mais les Palestiniens refusent cette fatalité imposée. Ils refusent de disparaître. Ils refusent cet exil forcé que l’on cherche à leur imposer sous couvert de pragmatisme. Ils réclament ce qui leur revient : le droit de vivre sur leur terre, de la reconstruire, de ne pas être condamnés à l’oubli. Ce droit est inaliénable, et ceux qui prétendent le leur retirer devront affronter la mémoire de l’Histoire. Ils devront affronter aussi la résistance d’un peuple qui n’est pas prêt à abandonner son territoire pour qu’un promoteur immobilier devenu président vienne en prendre le contrôle et y faire construire… une riviera.   

L’absurde, ce n’est pas que les Palestiniens refusent de partir. L’absurde, c’est qu’on ose leur demander de le faire après avoir détruit leur monde. C’est une indignité. C’est une injustice monstrueuse. Et c’est un crime dont personne ne pourra dire, demain, qu’il ne l’avait pas vu venir.

* Ecrivain et traducteur.



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