Impérialisme, mégalomanie et arrogance décomplexée sont les caractéristiques les plus saillantes de la nouvelle présidence Trump avec des idées qui choquent l’opinion publique internationale certes mais qui semble-t-il ne sont pas toujours dans l’intérêt de leur propre instigateur. L’intégration du Canada aux États-Unis, aussi farfelue que puisse paraître cette perspective, modifierait la carte politique d’une manière qui pourrait coûter cher aux Républicains et modifierait les rapports de force en défaveur de M. Trump.
Imed Bahri
Le New York Times a publié un article de son correspondant à la Maison Blanche Peter Baker dans lequel il exprimait sa conviction que l’aspiration du président américain Donald Trump à annexer le Canada pour devenir le 51e État de son pays est dans l’intérêt du parti Démocrate dont les partisans en colère voient la proposition comme une aubaine électorale pour eux.
Baker indique que peu de personnes à Washington prennent au sérieux la possibilité d’annexer leur voisin du nord tandis que le Canada a rejeté l’idée, n’a exprimé aucun intérêt à rejoindre les États-Unis et il semble peu probable que Trump envoie la 82e division aéroportée pour forcer la chose à se concrétiser.
Toutefois, si l’idée plaît à Trump en raison de sa mégalomanie et de son intérêt à devenir un personnage historique bâtissant un empire, cela pourrait également nuire aux chances électorales de son parti, le Parti républicain, et affaiblir sa matrice idéologique symbolisée par le mouvement Maga (Make America Great Again).
Selon les premières études sur les tendances de l’opinion publique et les habitudes de vote, l’idée de Trump d’annexer le Canada coûterait presque certainement aux Républicains le contrôle de la Chambre des représentants, réduirait leur majorité au Sénat et rendrait plus difficile pour eux de remporter la Maison-Blanche lors des prochaines élections.
«Le Canada est un pays très à gauche et devenir le 51e État signifie plus de votes pour les Démocrates au Congrès et au Collège électoral sans parler de garantir une législation qui promulgue des soins de santé universels et combat le changement climatique», a déclaré l’ancien membre du Congrès Steve Israel qui a présidé le Comité de campagne démocrate du Congrès.
Un geste suicidaire pour les Républicains
Le NYT estime dans son article qu’il ne semble pas clair si Trump était conscient que l’annexion du Canada pourrait être un geste suicidaire qui détruirait le Parti républicain d’autant plus qu’il n’a pas été impliqué dans la construction du parti et n’a pas montré beaucoup d’intérêt pour ce qui se passerait politiquement après avoir quitté ses fonctions.
«Si cela se produit (annexion du Canada, Ndlr), ce serait certainement une aubaine politique pour les démocrates», a récemment déclaré pour sa part le stratège républicain Douglas Hay ajoutant que Trump comptait faire grand bruit pour provoquer une réponse.
Peter Baker estime que Trump cherche peut-être à provoquer ses voisins du Nord en parlant d’annexer le Canada dans le cadre de ses pressions pour obtenir de leur part des gains commerciaux et d’autres concessions. Il reconnaît, cependant, que le président américain a réussi à provoquer la colère des Canadiens puisque leur premier ministre Justin Trudeau a déclaré à un groupe de chefs d’entreprise dans des déclarations divulguées qu’il ne considérait pas l’idée d’annexion comme une blague mais plutôt comme une chose réelle.
Le chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche James Blair aurait déclaré après une réunion avec les premiers ministres des 13 provinces et territoires du Canada qui se sont rendus à Washington la semaine dernière pour renforcer les relations bilatérales que les responsables canadiens devraient prendre les commentaires de Trump au pied de la lettre.
En dépit de tout cela, le NYT estime que cette idée d’annexion relève de la farce et de l’improbable même si elle a attiré l’attention de la classe politique et a fait l’objet de nombreuses discussions dans les salles de réception de Washington.
Le Canada politiquement très favorable aux Démocrates
Si le Canada rejoignait son voisin du sud, il deviendrait l’État américain le plus grand et le plus peuplé avec une superficie de 6,11 millions de kilomètres carrés avec une population de près de 40 millions d’habitants.
Le Canada serait un État politiquement très favorable au Parti démocrate encore plus que la Californie avec 64% des Canadiens qui ont déclaré dans un sondage qu’ils auraient voté pour la candidate du parti à la présidence américaine Kamala Harris contre seulement 21% qui soutenaient Donald Trump.
Par conséquent, le très sûr de lui M. Trump devrait bien réfléchir avant de se précipiter à annoncer urbi et orbi des idées fantasques dont le caractère ridicule n’a d’égal que l’arrogance avec lesquels ils ont été annoncés.
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