La Tunisie, bloquée, bafouille et se cherche

Quand le président de la république lui-même se plaint de l’immobilisme des hauts responsables de l’Etat voire des obstacles que ces derniers mettent sur la voie de la réalisation de son programme de gouvernement, à quel saint le simple citoyen peut-il se vouer et à quelle autre autorité va-t-il se tourner pour se plaindre et lui demander des comptes?

Imed Bahri

Chaque jour que Dieu fait, le président de la République appelle à ceci et ordonne cela. Le chef du gouvernement fait de même. Ainsi que les ministres et les secrétaires d’Etat. Mais le problème est que ce qui est préconisé tarde à se concrétiser et que si, par chance, il se concrétise, c’est avec un certain retard ou un retard certain, de sorte que les citoyens ne le perçoivent pas vraiment puisque l’impact positif qu’ils en escomptent sur leur vie quotidienne tarde à se faire sentir.

C’est là où le bât blesse : les activités officielles, dont nous autres médias rendons compte chaque jour, ont un air de déjà vu et de déjà entendu et d’ennuyeusement redondant. Ça parle, ça se répète mais ça vasouille et n’avance pas vraiment. C’est en tout cas le sentiment que les citoyens lambdas ont en regardant les responsables s’agiter, agiter des plans, des stratégies, des promesses, sans voir de résultats tangibles ou suffisamment perceptibles de ce «jus de cerveau» incolore, inodore et sans saveur, tant les problèmes persistent et s’aggravent et les solutions préconisées à coups de «il n’y a qu’à» et «il faut que» tardent à être mises en œuvre.

Qui pointer du doigt ?

Ce ne sont visiblement pas les idées qui manquent : elles remplissent les tiroirs de ces chers ministres, secrétaires d’Etat et autres directeurs généraux, sans parler des milliers de conseillers, de consultants et de beaux parleurs qui remplissent les bureaux sans que l’on sache ce qu’ils font au juste ou s’ils font quelque chose d’utile à leurs semblables.

Ce qui manque, en réalité, ce sont les actions concrètes qui sont mises en œuvre au bon moment et dont les résultats se font rapidement observer. Et là, on ne sait pas qui pointer du doigt. Où se situe le hiatus.

Quand le président de la république lui-même se plaint de l’immobilisme des hauts responsables de l’Etat voire des obstacles que ces derniers mettent sur la voie de la réalisation de son programme de gouvernement, à quel saint le simple citoyen peut-il se vouer et à quelle autre autorité va-t-il se tourner pour se plaindre et pour demander des comptes?

On s’est souvent posé ce genre de questions à chaque fois que le président reprend la même rengaine sur lesdits saboteurs, corrompus, cartels, lobbys et autres comploteurs contre la sûreté de l’Etat et le bonheur du peuple, mais on n’arrive pas à leur trouver des réponses.

Tous irresponsables

Il y a comme un sentiment de lassitude doublée d’impuissance qui s’installe dans nos cœurs, paralyse nos esprits et nous laisse ruminer nos désillusions et nos frustrations. Nous nous comportons tous comme si nous n’y sommes pour rien, que tout nous est imposé et que c’est la faute à «pas de chance».

Personne ne se sent sérieusement responsable du blocage où la Tunisie se morfond depuis 2011, ce qui revient à dire que tout le monde est, d’une certaine manière, irresponsable, puisque le temps passe, les problèmes s’aggravent, les pertes et les déficits s’accumulent, les dettes aussi, que devront payer un jour nos enfants et petits-enfants, et la barque continue de couler, lentement mais sûrement, avec tout le monde à bord.

Jusqu’à quand allons-nous continuer ainsi ou plutôt jusqu’où pourrions-nous encore tenir en laissant les choses pourrir autour de nous et sous nos pieds, au propre et au figuré ? A quand le réveil ? Il se fait déjà très tard…

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