C’est avec stupeur et une infinie tristesse que j’apprends le décès de Tahar Sioud (1937-2025), mon grand ami, que j’ai connu quand il était ambassadeur à Bruxelles et j’y étais journaliste accrédité. Je suis témoin direct de l’essentiel de sa carrière en tant que représentant permanent de la Tunisie auprès de l’Union européenne (UE) et négociateur de tous les accords depuis celui de 1969, le premier, jusqu’aux plus récents.
Fathi Bchir *

Le défunt a marqué de son passage à Bruxelles les relations entre l’UE et la Tunisie. Il était apprécié aussi bien à Tunis qu’à la Commission et au Parlement européens. Il était réputé au sein du corps diplomatique arabe pour la qualité de ses relations avec les partenaires européens.
Redoutable négociateur au talent reconnu et pour la délicatesse de son caractère.
Sioud a défendu pied-à-pied et grand acharnement les intérêts de la Tunisie dans les négociations directes obtenant – un de ses hauts faits d’armes – un régime particulier d’accès au marché européen de l’huile d’olive tunisienne et pour la promotion internationale de notre produit national. Il a été aussi l’artisan du régime spécial de nos exportations textile et habillement.
Il était très apprécié à Bruxelles car il avait une excellente connaissance du fonctionnement complexe de la mécanique européenne. Il a été aussi un grand maître d’œuvre dans les négociations arabes avec l’UE, et grand défenseur de la cause palestinienne et proche des représentants de l’OLP auprès de l’UE, qui le consultaient et recherchaient son contact
Il a été aussi ambassadeur auprès des pays du Benelux (Bruxelles, La Haye et Luxembourg et Danemark). Comme aux Émirats Arabes.
Il passait pour le pionnier de la diplomatie économique tunisienne. Et a toujours entretenu une relation particulière avec les membres de l’ambassade dont la plupart se revendiquent encore comme ses fils spirituels.
Sioud a été aussi vice-gouverneur de la Banque centrale et des billets de la monnaie nationale portent encore sa signature.
Il a été enfin ministre du Commerce et, bien sûr, il consacra une part de sa carrière au sport en tant que président de la Fédération tunisienne de football (FTF), un sport dont il était grand amateur.
Un grand homme vient ainsi de nous quitter au terme d’une grande carrière et d’une vie personnelle riches. Paix à son âme. Adieu Tahar, Excellence. ll n’y eut pas homme plus excellent que lui de tous ceux qui se sont succédé à Bruxelles. Mes condoléances à son épouse et à ses enfants comme à tous ses héritiers professionnels.
* Ancien journaliste basé à Bruxelles.
Donnez votre avis