Le traditionnel pèlerinage annuel juif à la synagogue de La Ghriba sur l’île tunisienne de Djerba se déroule avec une participation limitée en raison de la situation sécuritaire en Tunisie et du génocide perpétré par Israël contre les Palestiniens à Gaza. (Photo d’archives).
Les pèlerins rencontrés par l’AFP étaient une trentaine hier, jeudi 15 mai 2025, la plupart d’origine tunisienne et participant aux rites religieux exclusivement à l’intérieur de la synagogue.
Les autorités tunisiennes, en collaboration avec le comité d’organisation, n’ont autorisé cette année que les rites religieux au sein de la synagogue. Des forces de sécurité ont été déployées autour du bâtiment, qui a été le théâtre d’un attentat il y a deux ans au cours duquel cinq personnes ont perdu la vie : trois gendarmes et deux fidèles juifs.
L’année dernière, les rituels s’étaient également réduits à des prières et à l’allumage de bougies, sans procession en plein air derrière la grande menorah, le candélabre juif, en raison de la guerre à Gaza. «Il est difficile pour les gens de venir avec les choses graves qui se passent dans le monde», a déclaré à l’AFP René Trabelsi, l’un des organisateurs de l’événement, pour expliquer la faible participation. Selon l’ancien ministre du Tourisme, «le pèlerinage a traversé de nombreuses périodes difficiles dans son histoire», mais les pèlerins sont toujours revenus «après deux ou trois ans». Khoudhir Hanya, le chef de la synagogue, a déclaré avoir «beaucoup pleuré» lundi, lorsque le pèlerinage a officiellement commencé. «En 30 ans, je n’ai jamais vu la synagogue de la Ghriba aussi vide. Habituellement, une semaine avant le pèlerinage, les fidèles commencent à arriver, parfois jusqu’à 1 000 personnes», a-t-il déploré.
Le 9 mai 2023, le dernier jour du pèlerinage, un agent de la Garde nationale a tué trois de ses collègues et deux fidèles juifs près de la synagogue : Aviel Haddad, un Tunisien de 30 ans, et son cousin Benyamin, un Français de Djerba, âgé d’une quarantaine d’années et père de cinq enfants.
La Ghriba, la plus ancienne synagogue d’Afrique, dont la construction remonte au VIe siècle avant J.-C., a été la cible d’un attentat suicide en 2002 au cours duquel 21 personnes ont trouvé la mort.
Avant l’indépendance en 1956, la Tunisie comptait plus de 100 000 Juifs. Aujourd’hui, ils sont environ 1 500, dont la plupart vivent sur l’île touristique de Djerba. Les grandes vagues de départs ont eu lieu entre 1950 et 1980.
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