New York | Les forces de l’argent en guerre contre Zohran Mamdani

C’est l’homme à abattre. Le candidat démocrate à la mairie se New York Zohran Mamdani n’a pas pour seul ennemi le lobby pro-israélien. Le milieu des affaires s’est également ligué contre lui redoutant son prétendu tropisme gauchiste. Dans une ville qui demeure la première place financière mondiale et où les promoteurs immobiliers sont puissants, avoir contre soi le monde de la finance et celui de l’immobilier c’est avoir tout le système à dos. Mamdani compte rencontrer des personnalités issues du monde des affaires y compris ceux qui s’opposent à lui afin d’essayer de tempérer leurs ardeurs mais l’hostilité est telle qu’il est très difficile de renverser la vapeur. Seul atout pour le jeune candidat, les forces de l’argent le combattent mais n’ont pas encore trouvé la bonne méthode pour la vaincre.

Imed Bahri

Le Wall Street Journal (WSJ) a publié une enquête de Brian Schwartz, Kevin T. Dugan et Ben Glickman où il annonce qu’un groupe nouvellement constitué prévoit de lever 20 millions de dollars pour empêcher le candidat démocrate Zahran Mamdani de remporter la mairie de New York. 

Ils affirment que certaines des personnes les plus fortunées de La Pomme tentent de constituer un réseau planifiant une guerre contre Mamdani et ce, comme dernier recours contre le candidat progressiste en pleine ascension.

Le journal ajoute qu’ils ne se sont pas encore mis d’accord sur un candidat unique à soutenir mais qu’ils sont tous d’accord –dans ce qui pourrait être la course à la mairie la plus coûteuse de l’histoire de la ville– pour vaincre le candidat progressiste démocrate qui a soudainement émergé et qui bénéficie d’une large base populaire.

Mobilisation de donateurs contre Mamdani

Un nouveau groupe de financement baptisé «New-Yorkais pour l’avenir: Maire 2025» a annoncé une campagne contre Mamdani. Un formulaire déposé auprès du Conseil des élections de l’État de New York indique que le groupe s’est enregistré pour commencer à opérer à New York mardi.

Ce n’est pas le seul groupe à mobiliser des donateurs pour vaincre Mamdani, plusieurs autres sont mobilisés et visent à collecter des millions de dollars. Parmi ceux qui envisagent de financer ou de lever des fonds figurent plusieurs personnalités influentes dont Bill Ackman, PDG de Pershing Square, et Rudy Giuliani, ancien conseiller de Trump et maire de New York.

Bo Dietl, qui prévoit de lever 10 millions de dollars avec Giuliani par le biais d’un groupe distinct a déclaré: «Comment arrêter ce type? Personne ne lui fait obstacle, personne ne le devance dans les sondages, il est très médiatisé et aucun autre candidat ne parvient à avancer». Giuliani n’a pas répondu à la sollicitation du WSJ.

La victoire éclatante de Mamdani aux primaires démocrates, battant le favori, l’ancien gouverneur de New York Andrew Cuomo, a suscité l’inquiétude de la classe financière en raison des penchants gauchistes du candidat démocrate.

Le PDG de J. Morgan Chase, Jamie Dimon, a décrit Mamdani lors d’un événement jeudi comme «plus marxiste que socialiste», ajoutant que les slogans de campagne étaient «une absurdité idéologique qui n’a pas vraiment de sens». Cependant, on ignore encore comment ils comptent le vaincre.

Des élections générales chaotiques

Les stratèges politiques et financiers affirment que les premières semaines des élections générales ont été chaotiques. Ils affirment qu’une position forte contre Mamdani nécessite un message positif, un candidat et une base électorale suffisante pour l’emporter.

D’autre part, ils craignent que l’afflux de fonds extérieurs ne se retourne contre eux et n’éveille les soupçons des électeurs quant à des conflits d’intérêts privés.

«Tout le monde cherche une solution facile à un problème complexe», explique Esther Fuchs, professeure de droit international et d’affaires publiques à l’Université Columbia et ancienne conseillère du maire Michael Bloomberg.

Après les primaires démocrates du mois dernier, Withney Tilson, candidat à ces primaires et ancien gestionnaire de fonds spéculatifs, a écrit à ses partisans pour leur dire qu’il prévoyait l’allocation de plus de 100 millions de dollars venant de donateurs indépendants opposés à Mamdani, qu’il a qualifié de dangereux et incompétent tout en affirmant qu’il serait difficile à vaincre.

Dans cette confusion, stratèges et partisans affirment que les donateurs ne veulent pas gaspiller leur argent dans une campagne inutile. «Il faut inciter les gens à voter et c’est le seul moyen d’influencer les résultats sans argent», explique Fuchs.

Mamdani a lui-même déployé des efforts pour attirer des chefs d’entreprise et prévoit de rencontrer des dizaines de PDG lors d’un événement organisé par le New York City Partnership, un groupe de défense des entreprises qui compte parmi ses membres des banques comme JPMorgan, Citigroup et Morgan Stanley. Dimon, de JPMorgan Chase, est membre de son conseil d’administration.

Pendant ce temps, de nombreux donateurs s’activent en coulisses pour contrer Mamdani et trouver un moyen de lui barrer la route vers la mairie. Aikman qui a soutenu Andrew Cuomo et le président Trump s’est déjà engagé sur les réseaux sociaux à soutenir le maire sortant Eric Adams lors des élections générales et a cherché à mobiliser les forces anti-Mamdani.

Le PDG de Pershing Square s’est entretenu avec «Les New-Yorkais pour un avenir meilleur: le maire 25» au sujet des dons, selon des sources proches du dossier. Il avait précédemment fait don de 250 000 dollars à une association du même nom qui s’opposait aux candidats progressistes au conseil municipal de New York. Le promoteur immobilier Gary Barnett, qui a soutenu Adams, s’est engagé à verser 250 000 dollars à l’association. Le trésorier de l’association, Jeff Lieb, a déclaré que l’association menait actuellement des enquêtes pour évaluer la stratégie la plus efficace. 

Malgré sa victoire aux primaires, Mamdani, conseiller municipal de 33 ans originaire du Queens, fait toujours face à de sérieux adversaires aux élections générales. Cuomo était sa principale menace pour l’investiture mais Mamdani fait désormais face à trois indépendants: Eric Adams, l’ancien procureur adjoint Jim Walden et Andrew Cuomo, ainsi que le Républicain Curtis Sliwa, un candidat invétéré.

Difficile de former un front uni contre Mamdani

Depuis des semaines, des efforts sont déployés pour tenter de fédérer les principaux donateurs prêts à investir pour faire barrage à Mamdani. Cela favoriserait une meilleure coordination au sein d’un groupe diversifié et permettrait aux donateurs de déterminer plus facilement où utiliser leur argent.

Adams et Cuomo ont jusqu’à présent refusé de se retirer de la course ce qui rend difficile la formation d’un front uni contre Mamdani. Par exemple, Cuomo devance Adams dans les sondages depuis les primaires. Mais en tant que candidat sortant, certains riches donateurs considèrent toujours Adams comme un meilleur candidat. La femme d’affaires Lisa Blau fait partie des dirigeants new-yorkais qui travaillent à la création d’un groupe externe qui, s’il était formé, soutiendrait soit Adams, soit Cuomo, ce soutien étant conditionné au retrait de l’un ou l’autre. 

Frank Carone, ancien directeur de cabinet du maire Adams, prévoit d’atteindre le plafond de 8 millions de dollars de dons d’ici la fin du mois selon Frank Carone. Les grands investisseurs immobiliers, les plus touchés par des politiques telles que le gel des loyers des appartements réglementés, collectent des fonds pour Adams à Manhattan et dans les Hamptons.

Mercredi, Adams est apparu lors d’un événement sur un toit organisé par Mark Holliday, PDG de SL Green. L’événement a permis de récolter environ 1 million de dollars pour la campagne. Dr Phil, personnalité de la télévision, a brièvement apporté son soutien à Adams. Son message à l’auditoire était: «Rien n’est gratuit les amis!», a rapporté un participant. C’est une critique à peine voilée à l’endroit de Mamdani qui s’est engagé à créer des épiceries municipales et à geler les loyers d’un million de logements sociaux. Adams a prononcé son propre discours avant de se rendre à un autre événement de campagne plus tard dans la soirée. Certains donateurs espéraient soumettre des promesses de dons écrites pour des candidatures de personnalités amies à l’instar de Dimon qui n’a pas manifesté un intérêt pour aucune candidature actuelle. D’autres donateurs préfèrent attendre avant de se prononcer. Parmi eux figurent Gary Ginsberg, ancien conseiller de News Corp, l’entreprise de Rupert Murdoch, propriétaire du WSJ.

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