Six activistes politiques détenus depuis 12 mois dans l’affaire de «complot contre la sécurité de l’État» ont annoncé qu’ils entament, à partir de ce lundi 12 février 2024, une grève de la faim pour exiger leur libération et «l’arrêt des poursuites judiciaires contre tous les hommes politiques et militants de la société civile».
Les détenus, Issam Chebbi, Jaouher Ben M’barek, Ghazi Chaouachi, Khayam Turki, Abdelhamid Jelassi et Ridha Belhadj, ont appelé dans une déclaration commune à «mettre fin à toute ingérence dans le pouvoir judiciaire et à respecter son autorité et son indépendance… en tant que seul garant de la justice et de l’État de droit», accusant implicitement le pouvoir exécutif d’être derrière leur poursuite par la justice.
Les détenus politiques ont appelé «toutes les forces vives à unir leurs efforts et à élever la voix haut et fort pour mettre fin à la politique de harcèlement et d’intimidation, libérer tous les prisonniers d’opinion et assainir le climat politique en général».
L’affaire de «complot contre la sécurité de l’État» a été révélée le 10 février 2023, lorsqu’un nombre d’hommes politiques, de militants de la société civile et d’avocats ont été arrêtés pour «formation d’une association de malfaiteurs dans le but de conspirer contre la sécurité intérieure et extérieure de l’État», selon le texte d’accusation. Ils se seraient réunis et discuté à travers les réseaux sociaux des moyens de faire face au processus politique mis en œuvre par le président Kaïs Saïed par le limogeage du gouvernement, le gel des travaux du parlement et la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021. Ils reconnaissent dans leur déclaration commune avoir œuvré pour la préparation d’un «congrès de l’opposition pour le dialogue politique, afin d’évaluer le parcours suivi par le pays depuis la révolution en toute responsabilité et avec courage et de proposer des solutions pratiques pour sortir la Tunisie de l’impasse où elle se trouve, conséquence de l’échec du système actuel dans la gestion de l’Etat et la sortie de la crise financière et économique étouffante et l’amélioration des conditions de vie des Tunisiens», selon leurs termes.
Les prévenus dénoncent des procès politiques les ciblant sur la base de dossiers judiciaires fabriqués, vides de toutes preuves matérielles. «Le système du 25-Juillet a choisi de s’appuyer sur le complexe sécuritaire et judiciaire, la politique de répression, de la division, de diabolisation de la différence, de la destruction de la vie politique, des institutions et de tous les acquis réalisés par le peuple tunisien à travers des générations successives depuis l’indépendance», lit-on dans la déclaration, qui dénonce une politique de «répression des voix libres des activistes politiques, des journalistes, des syndicalistes, des défenseurs des droits humains et des blogueurs et autres… comme seule réponse à toutes les crises que traverse le pays».
I. B.
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