Le ministère de la Jeunesse et des Sports prépare un projet de loi pour lutter contre la violence dans les enceintes sportives. Mais il ne s’agit pas seulement de sanctionner.
Par Hassen Mzoughi
Ce texte prévoit des peines de prison et des amendes contre les actes répréhensibles commis sur les arbitres, les unités de sécurité et toutes les parties prenant part à l’organisation des compétitions.
Ce projet de loi de 27 articles rédigés en 5 chapitres impose une peine d’un an de prison et une amende de 1000 dinars tunisiens (DT) contre toute atteinte à la personne d’un arbitre par la parole ou la menace. Cette peine peut aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et une amende de 5000 DT en cas de violence caractérisée pouvant causer des dommages corporels de plus de 20%.
Il prévoit également 6 mois d’emprisonnement et une amende de 500 dinars contre toute personne qui fait entrer ou lance des fumigènes ou des objets dangereux à l’intérieur du stade.
Le projet contient aussi 16 articles où il est question de peines d’emprisonnement contre les auteurs de dégâts dans les enceintes sportives, sur les biens privés et de slogans discriminatoires ou d’appels à la haine ainsi que de propos diffamatoires contre les autorités publiques et les institutions.
D’autres sanctions sont annoncées dans ce texte comme l’interdiction de stade allant d’un à cinq ans voire même, dans certains cas, l’interdiction de se déplacer hors de la zone de résidence.
Et la surveillance par caméras !
Cette panoplie de mesures répressives paraît néanmoins incomplète. Car la lutte contre la violence dans les arènes sportives suppose avant tout des moyens techniques. En Algérie ou en Arabie Saoudite (ne parlons pas des Anglais, des Français ou des Russes), les autorités ont réussi à endiguer la violence grâce à des dispositifs de télésurveillance aux alentours et à l’intérieur des stades.
Les mesures prévues par le projet de loi ne suffisent pas tant qu’on ne mette pas en place les outils et les équipements pour son application. Aussi le dispositif de télésurveillance est-il plus qu’indispensable à l’efficacité de la lutte contre les fauteurs de trouble dans les stades.
Selon les estimations, ce dispositif nécessiterait une enveloppe de 4 millions de dinars tunisiens (MDT) pour équiper tous les stades de Tunisie, un montant qui serait largement inférieur aux coûts des dégâts occasionnés aux installations sportives pendant ces dix dernières années.
Pourquoi pas une fédération des supporters ?
Il ne s’agit donc pas d’aggraver uniquement les sanctions mais d’avoir une vision globale sur la base d’une logistique de travail qui implique la prévention comme moyen opérant.
Répression et prévention, l’une ne va pas sans l’autre. La répression est indispensable, mais elle n’exclut pas le dialogue avec les vrais supporters qui aiment le football, à la différence des individus qui sont portés sur la violence.
Les grands oubliés de ce débat en Tunisie sont, en effet, les supporters. A côté de la répression, la politique de la main tendue aux vrais fans apaisera énormément l’atmosphère et arrêtera la contagion de l’insubordination.
Un congrès national des associations de supporters et une fédération de supporteurs capables de dialoguer avec les pouvoirs publics favoriseront encore une meilleure approche du problème de la violence dans les stades.
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