L’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) et l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) ont réalisé et publié une étude d’impact de la pandémie du coronavirus sur l’économie tunisienne, notamment aux plans sanitaire, monétaire, fiscal, budgétaire, réglementaire, institutionnel, et de politique économique, présentés avec des recommandations.
Sur le plan de la politique monétaire, l’étude recommande de réduire le taux de la réserve obligatoire de 2% de pourcentage; renforcer la résilience du secteur bancaire; diminuer le taux directeur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) de 100 points de base; rééchelonner les créances et les échéances de remboursement des crédits des entreprises en difficulté, sans classement; injecter 2.000 millions de dinars tunisiens (MDT) de liquidités dans l’économie, afin de soutenir les entreprises et notamment les petites et moyennes entreprises (PME).
Au plan de la politique économique, les auteurs de l’étude recommandent criminaliser la spéculation des produits de base (agricole et agroalimentaire) afin de contenir l’inflation; limiter les importations pour une durée de 3 mois renouvelables; encourager l’instauration de la culture «business continuity plan» et renforcer la culture de gestion de risque au niveau des entreprises; mettre en place un chèque à la transformation digitale pour soutenir les entreprises, afin d’accroître leur maturité numérique et améliorer leur compétitivité; encourager le télétravail; encourager le développement du commerce électronique et le paiement en ligne.
En matière de politique fiscale, l’étude recommande le paiement des créances de l’Etat auprès des entreprises privées; le transfert du trop-perçu en faveur des entreprises dans les secteurs les plus touchés par le coronavirus; le report du paiement de la déclaration fiscale des entreprises en difficulté; l’amnistie fiscale générale permettant de mobiliser les ressources disponibles dans le secteur informel; le report des paiements des cotisations sociales pour les entreprises en difficulté; l’exemption des entreprises déficitaires du paiement des acomptes prévisionnels.
Sur le plan de la politique budgétaire, il est recommandé de mettre en place un fond pour la promotion du secteur de la santé; de mobiliser les ressources non conventionnelles disponibles auprès des bailleurs de fonds multilatéraux et d’étudier les scénarios de rééchelonnement de la dette tunisienne; de créer un fond de la Caisse de dépôt et de consignation (CDC) de prêt sur l’honneur pour la préservation des entreprises.
Pour ce qui est de la politique sociale, l’étude préconise de mettre un fond de 1000 MDT pour soutenir les populations fragiles; d’encourager la mise en œuvre de la loi auto-entrepreneur, ce qui va aider à absorber une part importante du taux de chômage, vu que ces entreprises vont stopper le recrutement et combattre aussi le secteur informel à travers cette pratique.
Sur les plans réglementaire et institutionnel, il s’agit de promulguer la loi d’urgence économique (présentée par le gouvernement Chahed et qui dort depuis plusieurs années dans les tiroirs de l’Assemblée); d’activer l’article 70 de la constitution*; de mettre en place un comité de veille et suivi de la pérennité des entreprises pour bénéficier du package.
Sur le plan sanitaire, il est recommandé d’encourager des startups tunisiennes à développer des applications pour le suivi de l’épidémie et la gestion des approvisionnements.
Autres recommandations
- arrêter la compensation des médicaments importés ayant un équivalent en Tunisie, qui pourra rapporter 75 MDT; soutenir le secteur de la promotion médicale;
- éviter la panique publique et rationaliser les achats;
- préserver le tissu économique et les emplois; contribution de l’Etat au sauvetage de l’économie en remboursant le trop-perçu de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) et des impôts, et rembourser les entreprises privées;
- appliquer les consignes de sécurité sanitaire dans les entreprises, et investir dans les mesures d’hygiène; trouver des solutions pour soutenir la trésorerie des entreprises;
- encourager la prise de congé annuelle pour les salariés;
- rationaliser les dépenses des entreprises;
- consommer tunisien et rationaliser les ressources;
- encourager le télétravail en utilisant les technologies modernes;
- déclarer l’état d’urgence économique; arrêter les exportations des produits vitaux tel que la nourriture et les médicaments;
- développer une stratégie d’autosuffisance des besoins fondamentaux pour les 12 prochains mois;
- mettre en place une cellule de crise pour réagir rapidement et efficacement face aux évolutions de la pandémie ;
- réduire les impôts pour les secteurs en difficulté tel que le tourisme;
- créer un fond de 300 MDT pour promouvoir le secteur de la santé ;
- consacrer une enveloppe de 2 milliards DT pour les grands projets;
- réduire les intérêts bancaires et reporter le paiement de la Steg et des charges salariales des entreprises.
A. M.
* Article 7 de la Constitution :
En cas de dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple, le président de la République peut émettre des décrets lois, avec l’accord du chef du gouvernement, qui seront soumis à l’approbation de l’assemblée lors de la session ordinaire qui suit.
L’Assemblée des représentants du peuple peut, à la majorité́ des trois cinquièmes de ses membres, en vertu d’une loi et pour un motif déterminé, déléguer au chef du gouvernement, pour une durée déterminée qui ne dépasse pas les deux mois , le pouvoir de prendre des décrets-lois dans le domaine de la loi, lesquels seront soumis à l’approbation de l’Assemblée à la fin de la période en question.
Le système électoral échappe aux décrets-lois.
Donnez votre avis