La future mise au point d’un vaccin du Sars Cov 2 n’est plus une certitude. C’est ce que pensent beaucoup de chercheurs. En effet, dans le groupe des virus à couronnes, on n’a découvert de vaccins ni pour le Sars, ni pour le Mers, en partie parce que ces deux virus n’ont pas eu de grandes conséquences épidémiologiques, et les atteintes en sont demeurées rares. Les recherches ont donc été abandonnées au profit d’autres priorités, et avec la Covid 19, les laboratoires sont donc obligés de reprendre le temps perdu en essayant de prévoir les destinées de ce virus. Ce n’est pas facile.
Par Dr Mounir Hanablia *
Ce qu’on sait c’est que le Covid-19 mute, même si ce n’est pas à grande vitesse comme le virus du sida ou celui de la grippe. Il se peut donc que les vaccins ayant pour cible les protéines d’arrimage de la couronne du virus, dont on pensait au départ qu’elles étaient immuables, subissent des changements, de telle manière que lorsque le vaccin serait synthétisé, il ne soit plus efficace sur la souche entre-temps constituée. Or les délais de fabrication d’un vaccin peuvent aller jusqu’à quatre années, ce qui constitue un délai suffisant pour l’apparition de mutants.
L’espoir de découvrir un traitement directement létal
La seconde chose qu’on sait c’est que les anticorps de type Ig G apparus après une infection avec la Sars Cov 2 ne perdurent pas plus d’une année, et on ignore pourquoi les mécanismes de la mémorisation de l’immunité par les fameuses cellules lymphocytes T4 ne sont pas mis en jeu. Cependant des animaux soumis en laboratoires à ces anticorps, même labiles, semblent préservés contre les formes graves de la maladie, ce qui serait déjà en soi un acquis important. Il faudrait donc vacciner régulièrement, d’une année à l’autre, avec le risque qu’une nouvelle souche mutante du virus apparaisse, entraînant une nouvelle recrudescence virulente de la maladie.
Ceci signifie donc que, comme pour tout virus, tant que deux personnes infectées sur trois n’auront pas été immunisées le cycle de propagation de la maladie risque de persister.
Evidemment, il y aurait toujours une possibilité de découvrir un traitement directement létal, et pouvant associer des poly anticorps et des antiviraux. C’est d’ailleurs grâce à une thérapie comparable que l’hépatite C, une maladie touchant 70 millions de personnes et faisant annuellement 400.000 morts, par le biais de cirrhose et de cancer du foie, avait pu être vaincue.
Le cycle de propagation de la maladie risque de persister
Tout cela pour dire qu’en l’absence de vaccin efficace, il se peut que les formes graves de la maladie deviennent plus rares. Mais des foyers d’infection persisteront certainement, nécessitant des moyens de dépistage performants d’utilisation simple, et à des prix abordables, afin d’isoler et de prendre en charge rapidement les sujets atteints, d’une manière adéquate.
Dans le cas où l’évolution épidémiologique de la maladie n’entraînerait pas sa disparition spontanée, ainsi que cela s’est produit pour d’autres germes, la persistance du virus imposera pour longtemps encore le respect de nouvelles normes d’hygiène de vie, en limitant la propagation, jusqu’à la mise au point de médications virucides efficaces.
Ainsi que l’a dit un chercheur, même en l’absence de vaccin, on finira bien par trouver quelque chose.
* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.
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