Dans une déclaration accordée à la chaîne qatarienne Al Jazeera, le président d’Ennahdha et de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, a commenté le conflit politique actuel en Tunisie, suite au refus du président de la république, Kaïs Saïed, d’accueillir les ministres récemment nommés par le chef du gouvernement, pour procéder à la prestation de serment. Une mesure essentielle dans la constitution tunisienne.
Selon Ghannouchi, dont le parti est la composante principale de la ceinture parlementaire du gouvernement Mechichi, la constitution ne donne pas, non plus, le droit au chef de l’État de refuser des ministres ayant eu l’approbation de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
«Il est rapporté que le président de la république émet des réserves sur certains des ministres proposés en raison de soupçons de corruption ou de conflits d’intérêts, même si la constitution ne donne pas au président de la république le droit de rejeter les ministres qui ont obtenu un vote majoritaire en Parlement», a déclaré le leader islamiste, qui avait pourtant écouté de ses propres oreilles les paroles de Saïed concernant ces réserves, lors de la réunion du conseil de sécurité nationale, le 25 janvier.
«Mais en même temps, il ne nous a pas informés ou informé le gouvernement des détails de ces réserves ou qui en est exactement concerné», a-t-il ajouté. Sachant que les ministres objets de réserves sont connus de l’opinion publique. Il s’agit de Sofien Ben Tounes (proposé comme ministre de l’Énergie et des mines), Hédi Khairi (Santé), Youssef Fenira (Emploi) et Youssef Zouaghi (Justice).
«Bien entendu, le pouvoir judiciaire est le seul habilité à déterminer si les accusations de corruption sont vraies ou non, et l’accusé est innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie», justifie encore Rached Ghannouchi, qui, pour sa part, ne se soucie évidemment pas de la corruption, en étant lui-même suspect… du moins aux yeux d’une grande partie de la société et de la classe politique tunisiennes.
L’islamiste a, par ailleurs, espéré une solution avec le chef de l’État dans le cadre de la constitution, estimant que la démission du gouvernement est peu probable.
C. B. Y.
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