Même si l’économie tunisienne est censée s’être habituée à vivre avec la pandémie de Covid-19, la flambée des contaminations par le variant Omicron inquiète. L’ampleur des dégâts économiques pouvant être causés par ce variant est difficile à estimer, mais la croissance pourrait en pâtir tant les restrictions imposées par sa forte contagiosité commencent à perturber sérieusement les entreprises. Et la question est de savoir comment, dans ce contexte stressant, réduire l’impact de l’inflation, qui est appelée à s’aggraver.
Par Amine Ben Gamra *
Avant Omicron, l’inflation tunisienne a atteint un sommet en décembre dernier, en s’établissant à 6,6% en glissement annuel. Son rythme pourrait encore s’accélérer.
Les ménages tunisiens voient leur pouvoir d’achat plombé par les vagues sévères et intenses de hausses des prix qui ont porté des coups durs aussi bien à la consommation, qu’à l’épargne, à l’emploi et, par conséquent, au pouvoir d’achat, ce qui a creusé de manière spectaculaire le fossé des inégalités sociales.
La fragilité structurelle du système bancaire
Les chaînes mondiales d’approvisionnement étant déjà en surchauffe, conduisant à des pénuries de matériaux et de matières premières, une hausse de la demande pourrait faire grimper davantage les prix. Et on ne sait jusqu’où cette flambée des prix va-t-elle aller et si l’économie tunisienne, déjà très mal au point, sera capable de tenir le choc.
Depuis la promulgation de la loi sur l’indépendance de la Banque centrale de Tunisie (BCT), en 2016, l’institut d’émission n’a cessé d’affirmer que sa mission principale est la lutte contre l’inflation. Le résultat est connu puisque la BCT n’a pas pu remédier aux problèmes qui se sont aggravés depuis au niveau de l’assèchement en liquidité du secteur, la sous-capitalisation des banques, l’accumulation de créances douteuses et la hausse des taux d’intérêts, qui, tout en portant un coup dur à l’investissement, lequel est à son plus bas niveau depuis quarante ans, a attisé la spirale inflationniste. Et le pire est encore à venir…
Cette situation illustre, s’il en est encore besoin, la fragilité du système monétaire et bancaire tunisien, qui est incapable de supporter les chocs économiques et dont la réforme tarde à venir.
* Expert-comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts-comptables de Tunisie.
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