Noureddine Taboubi, a déclaré, lors de la commémoration du 70e anniversaire du martyre du leader national et syndical Farhat Hached, aujourd’hui, samedi 3 décembre 2022, au Palais des Congrès à Tunis, ajoutant que cet anniversaire intervient à un moment où la Tunisie traverse une situation étouffante et une détérioration à tous les niveaux.
«Nous allons vers des élections incolores et insipides, qui sont le résultat d’une constitution qui n’était ni participative ni soumise au consensus ou à l’approbation de la majorité», a aussi déclaré le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), selon ses propos rapportés par Shems FM, par allusion aux législatives anticipées du 17 décembre prochain, voulues par le président de la république Kaïs Saïed, mais boycottées par la plupart des partis politiques et critiquées par les représentants de la société civile qui mettent en question leur transparence et leur crédibilité.
«La centrale syndicale a alerté sur cette situation dès les premiers instants, mais il n’y a pas eu de réponse», a ajouté M. Taboubi, en indiquant que cette voie aboutira à des résultats dont personne ne mesure la faiblesse en termes de participation et l’impact en termes d’effritement du corps national.
«Certains disent que le pouvoir actuel a placé l’UGTT dans le carré où elle devrait être. Je leur dis que ni ce régime ni aucun autre n’est capable de fixer l’aire d’action du mouvement syndical», a lancé, sur un ton menaçant, M. Taboubi, laissant entendre que l’organisation n’entend pas se confiner dans un rôle purement syndical et qu’elle entend faire entendre sa voix dans tous les dossiers qui préoccupent la nation, y compris les choix politiques et économiques qui ont toujours été de son ressort depuis sa fondation par Farhat Hached.
D’autre part, M. Taboubi a salué le refus opposé par le président de la république à la privatisation des entreprises publiques, alors que, a-t-il fait remarquer, «chaque ministre chante sa propre partition», relevant ainsi la duplicité du pouvoir exécutif qui exprime deux positions contradictoires concernant certaines réformes convenues dans le cadre de l’accord avec le FMI pour un nouveau crédit de 1,9 milliard de dollars, réformes qui concernent, outre la privatisation de certaines entreprises publiques, la suppression progressive des subventions et la réduction de la masse salariale dans le secteur public, ce que l’UGTT rejettent catégoriquement.
Cependant, et si elle rejette la voie choisie actuellement par le président Saïed, l’organisation syndicale «n’accepte pas le retour à la situation d’avant le 25 juillet», a souligné M. Taboubi, par allusion à la proclamation de l’état d’exception par le président de la république, le 25 juillet 2021, expliquant que «la voie actuelle est marquée par le flou et le pouvoir individuel» et avertissant contre «les surprises que pourraient réserver les jours et les mois à venir et qui seront mauvaises ou inquiétantes pour l’avenir de la Tunisie et des générations futures, ainsi que pour l’avenir de la démocratie dans le pays.»
L’organisation syndicale craint que le pays aille vers l’inconnu, a aussi indiqué le leader syndical, ajoutant qu’il n’acceptera pas une loi de finances où les barèmes de l’impôt sur le revenu ne seraient pas revus, déplorant que les salariés continuent de supporter l’essentiel du poids fiscal.
I. B.
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