Le 1er tour des élections législatives (17 décembre 2022) a donné son verdict : accablant pour les uns, peut mieux faire pour d’autres, positif pour les 23 premiers élus… Voici quelques enseignements chiffrés (en dix paragraphes)… (Bureau de vote à Gafsa: il n’y avait pas foule…)
Par Samir Gharbi
– La participation au vote a battu tous les records de… faiblesse : 11,2% des électeurs ont voté (1,025 million sur 9,136 millions). C’est du jamais vu dans un scrutin dit démocratique. Les meilleurs scores dépassent en général le 70 ou 80%. Lorsqu’on descend à 50%, c’est déjà catastrophique. Et lorsqu’on atteint le fond ou presque, c’est cataclysmique ! Le pouvoir en place s’inquiète pour sûr, mais il ne le montre pas par pudeur pi par obstination dans l’erreur!?
– La participation réelle (bulletins de vote validés) : après les bulletins blancs et invalidés, qui ne comptent pas dans le partage des voix, on est arrivé à 956 016 voix validées, soi un dixième du corps électoral. Avec un dixième, à quelle légitimité peut-on prétendre ? Il faudra un branle-le-bas électoral, pour le 2e tour, courant février-mars 2023, pour que cette tare soit un tant soit peu corrigée, et encore !
– Après le vote, les résultats : 23 sièges (sur 161), soit 14,3%, ont été pourvus. Sur 23, du fait de la spécificité du système électoral tunisien (unique au monde), 10 candidats étaient assurés d’avoir gagné avant même le vote. Candidats uniques, ils ont raflé 100% du peu de voix exprimées!
– Sur les 23 (déjà) élus, on ne compte que 3 femmes (13%), alors qu’elles représentent plus de la moitié de la population nationale.
– Pour les 13 sièges qui se sont disputés entre 2, 3, 4 ou 5 candidats, il y avait 33 candidats : la chance de réussir était pour eux de 40%, ce qui n’est pas mal !
– Plus sérieusement, les 20 élus concernent seulement 8 des 24 gouvernorats que comptent le pays. C’est-à-dire, dans 16 gouvernorats, il n’y a eu aucun élu au 1er tour. Parmi eux, on note Sfax (13 sièges), Nabeul (11), Monastir (8), Kairouan (7), Mahdia (6), Sidi Bouzid (6), Gabès (5)… Les mieux représentés au 1e tour, sont Ariana (5 élus sur 8), Ben Arous (4 élus sur 9), Tunis (4 élus sur 13), suivis par Sousse (2 sur 9), Medenine (2 sur 7), Jendouba (1 sur 5), Manouba (1 sur 5), Bizerte (1 sur 7).
– Pour les élus représentant la communauté tunisienne à l’étranger, 3 sièges sur 10 ont été pourvus. La région parisienne, l’Allemagne, les Amériques, les pays arabes, asiatiques et africains attendront le… 3e tour. C’est-à-dire, des élections partielles qui seront décidées, théoriquement, par la nouvelle assemblée (après sa 1e session prévue en mars 2023), à moins que le président de la république, qui a décidé de l’ensemble du processus électoral actuel, n’intervienne pour venir au secours des 7 territoires…
– Venons-en à la «performance» : le plus grand nombre de voix a été recueilli par l’heureuse élue d’Ariana, Najla El Hayani, avec 5 001 voix (74,8% des voix validés dans sa circonscription), suivie par Brahim Bouderbala, avec 2 700 voix (55,6%).
– Les plus petits scores (élus avec moins de 1 000 voix) sont détenus par 4 élus : le dernier avec 521 voix, Amor Barhoumi (France), suivi par Sami Ben Abdelali (644 voix, Italie), Riadh Saidane (665 voix, France) et Wajdi Ghaoui (934 voix, Ben Arous).
– Pour finir, je terminerai par où j’ai commencé : le taux de participation. On sait qu’au niveau national, on a eu 11,2% des inscrits. Mais qu’en est-il dans les circonscriptions ? Ce taux a dépassé les 25% dans trois circonscriptions : Zéramdine (Monastir) avec 27,5%, Menzel Chaker (Sfax), avec 26,6%, et Guédache (Tozeur), avec 25%. Les derniers de la classe (ou les moins intéressés par les élections), avec moins de 5% de participation, on les trouve en France (France 2), avec 0,8%, Italie (1,4%), France (France3) avec 2,4% et El-Mourouj (Ben Arous), avec 4,1%, de même Bab Bhar (Tunis)…
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