Les Tunisiens célèbrent aujourd’hui Ras El-Am El-Hejri de l’an 1438, la fête du nouvel an de l’Hégire. Retour sur un calendrier musulman.
Par Mohamed Rebai *
L’ère musulmane commença exactement le 16 juillet 622 de l’ère chrétienne, au lendemain de l’émigration du prophète Mohamed (paix et bénédiction d’Allah sur lui) de sa ville natale Mekka (la Mecque) vers Yathreb (Médine) accompagné d’une quarantaine de musulmans à l’insu de ses ennemis et fuyant la persécution des païens.
L’Hégire, en arabe, vient du mot «hijrah» qui signifie émigration. Il a donné son nom au calendrier musulman (hégirien).
L’année lunaire a été adoptée par le calife Omar. C’est que le Coran adoptait les mois lunaires en imposant, par exemple, le jeûne de ramadan par l’observation visuelle de la nouvelle lune.
Un mois musulman correspond à un cycle lunaire de 29 ou 30 jours et commence au premier croissant de lune devenu le symbole de l’islam. Les noms des douze mois qui composent le calendrier sont les suivants :
L’année musulmane dure 354 jours pour une année normale et 355 jours pour une année bissextile qui n’arrive que tous les 30 ans. C’est pour cette raison que l’année musulmane prend une avance de 10 ou 11 jours sur l’année solaire, et que les dates des fêtes religieuses musulmanes sont mobiles d’une année à l’autre par rapport au calendrier chrétien.
Ci-après la règle de conversion entre le calendrier grégorien (G), suivi en Occident:
G = H + 622 – (H/33)
2016 = 1438 + 622 – (1438/33)
Et le calendrier hégirien (H) :
H = G – 622 + [(G-622)/32]
Ainsi, pour convertir l’an 2016 en calendrier solaire :
H = 2016 – 622 + [(2016-622)/32] = 1438e année depuis l’Hégire de Mohamed (SAW) vers Médine.
On notera, toutefois, que chaque mois lunaire débutant avec l’apparition (visible à l’œil nu) du croissant de lune, les dates du calendrier chrétien indiquées ci-dessus sont estimées avec possibilité d’un décalage d’un jour en plus ou en moins.
Les astronomes arabes ont accumulé, au fil des ans, bon nombre d’observations des phénomènes célestes édités dans des livres innombrables et qui servirent à la composition d’almanachs (mot d’origine arabe) et de calendriers dont le plus célèbre est celui de Cordoue (année 961). Les plus répandus en Tunisie étaient dus à un savant et calligraphe génial et fécond du nom de Mohamed Salah Khamassi.
Meloukhia.
Le «Ras El-Am El-Hejri» arrive donc avec onze jours d’avance avec un petit décalage de + – une journée. En Tunisie c’est un jour férié chômé et payé.
La veille appelée aussi dans le jargon populaire «lilat laâjouza wel laâjouz» (la nuit de la vieille et du vieillard !), la célébration commence par le couscous au «kadid» (viande séchée prélevée sur le mouton de l’Aïd) garni principalement de «foul» (fèves sèches) et se termine le lendemain par la «meloukhia» de couleur verte par superstition pour que l’année soit verte donc féconde.
Encore une fête qui tourne autour de la bouffe sans que cela ne suffit pas à nous décrocher la mâchoire.
«Am mabrouk» (bonne année) !
* Universitaire.
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