Accueil » La Tunisie cherche un homme

La Tunisie cherche un homme

Drapeau-Tunisie

En Tunisie, en 2016 et c’est bien triste, c’est tout le pays qui cherche un homme. Ça dure depuis six années.

Par Dr Fethi El Mekki *

Tout un chacun connait l’histoire de Diogène, philosophe grec qui se promenait en plein midi dans les rues d’Athènes avec une lanterne allumée. Interrogé sur son insolite comportement, il a répondu désenchanté : «Je cherche un homme».

En Tunisie, en 2016 et c’est bien triste, c’est tout le pays qui cherche un homme. Ça dure depuis six années. Six longues années de stupidité nationale, où nos «politiques» ont gouté, à l’échec et mat, à toutes les sauces. En long, en large et en oblique. Et les Tunisiens bovinisés et lobotomisés.

Je cherche un homme. Un politique, un vrai. Un pur et un dur. Un attaquant de race.

Je cherche un homme, qui n’a pas froid aux yeux, qui ne s’évertuera pas à hypnotiser et à tromper son peuple par les doux mots démocratie-république-laïc-progrès.

Je cherche un homme. Un tueur (en politique), viscéralement amoureux de son pays. Qui ne cherchera pas un compromis pharmaceutique provisoire là ou s’imposent une chirurgie immédiate et la pose d’une prothèse pour sauver le malade de la gangrène qui menace tout l’organisme.

Je cherche un homme, qui pourrait résister aux buffets auquel on l’y invite. Aux petites tentations, au champagne (sans alcool pour nos amis) et aux petits fours. Le mauvais instinct semble-t-il émerge souvent du ventre. Dire non. Ce n’est pas facile. Jusqu’à aujourd’hui, on ignore pourquoi.

Je cherche un homme, qui ne sera pas pris en flagrant délit de mensonges, de fourberies et de stupidité, ajoutant le charabia à l’incompréhension, ayant créée tout un bataclan, pour un rejeton qui nous fout les jetons avec ses ronrons, qui a le courage de ne pas agir en Don Vito Corleone et d’intimer l’ordre à la «famille» et aux amis de ne pas bouger le petit doigt durant son mandat.

Je cherche un homme qui relèvera une Tunisie, à genoux, privée de défense immunitaire, de cap et de capitaine et qui arrêtera le match de catch joué dans la boue, jour et nuit, par les dénommés partis politiques Les incapables ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Relevons-nous.

Je cherche un homme, qui n’optera ni pour le remaniement qui ment, ni pour le reniement du remaniement, et qui portera le coup fatal et final au gouvernement invisible, cocktail de traîtres et de vendus, dont l’appétit est trop visible. Bizarrerie orientale, depuis quelques décades et bizarrerie tunisienne depuis un certain 14 janvier 2011.

Je cherche un homme qui ne jouera pas du violon pour les gentils collabo-opposants-égorgeurs-coupeurs de têtes modérés, qui «lui rappellent son enfance», qui tirent modérément sur nos soldats et qui se trimbalent à travers le monde avec un passeport neuf délivré par qui on sait.

Celui là, il est vraiment très fort. D’une part, il a formé une coalition contre le terrorisme et d’autre part, il soutient ces mêmes terroristes. Grâce à lui, la jeunesse tunisienne, de chair à canon a évolué en chair à pognon. En France, ils ont le césar du cinéma, en Tunisie, on a le Néron de la politique.

Je cherche un homme, qui nous explique pourquoi on relâche les énergumènes poilus, au casier noir comme un corbeau, après un procès au tribunal des flagrants délires et qu’on cesse de nous raconter l’histoire de ‘‘Oui-oui qui découvre l’eau chaude’’…

Je cherche un homme, qui s’attaquera aux contrebandiers et à l’économie parallèle droit comme un I majuscule et qui interdirait à ses ministres et députés de se pavaner et de danser la danse du ventre, au sens figuré et au sens propre, sur les plateaux de la petite lucarne et de jouer du pipeau à la radio, matin, après-midi et soir. Ne dit-on pas que l’autorité c’est la distance…

Je cherche un homme qui n’est pas un adepte de la politique du mégaphone et des piteux plateaux de télévisions où se mélange les liftées, les bottoxés, les transgenres et les politiques sans envergure, qui n’ont jamais parcouru un essai politique et qui très agités et tout en sueur, s’affrontent dans un langage fleuri. Quand on est à bout d’argument, disait Schopenhauer, on insulte.

Je cherche un homme, qui libérera la Tunisie des journalistes aux ordres. Quand la plupart d’entre eux, à défaut de déclarations démentes, posent avec mauvaise foi la sempiternelle question : est-ce que les fonctionnaires vont recevoir leurs pensions à la fin du mois, pour échauffer la petite ménagère et réveiller le cochon, sous couvert d’informations… On est vraiment sous occupation.

Je cherche un homme qui nous explique pourquoi les gouvernements passent et les mafieux gominés ou pas, eux, sont toujours là ? Mais qu’est ce que c’est donc cette étrange «démocratie»? Ils changent d’allure comme le serpent qui change périodiquement de peau… Et ils sont toujours là. Ce qui est fascinant c’est leur capacité à se maintenir en «poste» malgré tout ce cirque…

Je cherche un homme qui aura le courage de faire un petit tour du côté de la conservation foncière et de nous expliquer comment font ces politicards pieux, véreux et très ambitieux, pour acheter sans nausée, tout en faisant les dégoutés, villas cossues et fonds de commerce à travers tout le pays.

Je cherche un homme, qui refusera, de faire la carpette et les courbettes dans les salons feutrés des ambassades, de coopérer avec un partenariat international incertain et suspect et de ramper à plat ventre ou de marcher à quatre pattes (c’est au choix) pour les consignes en coulisse… En Tunisie, c’est la consigne, il faut baisser la tête, le froc, la garde et le regard…

Cela fait penser à la réponse que donne l’allumeur de réverbère au petit prince de Saint Exupéry qui lui demande pourquoi il allume, tous les soirs, des réverbères sur une planète où il n’existe aucun habitant. Et celui-ci de lui répondre : J’allume, j’éteins, j’allume, j’éteins… C’est la consigne.

Je cherche un homme, qui dénoncera la gestion bananière de nos ressources nationales, qui n’a aucune accointance avec les lobbys de l’or noir et qui nous explique pourquoi dans nos eaux territoriales, on a le quart des puits de pétrole de la mer Méditerranée et une soixantaine de sociétés pétrolières, choisies bien évidemment dans une totale opacité, qui extraient ce précieux liquide et/ou sondent nos terres et on crie toujours famine.

Je cherche un homme, qui nous éclaire sur les dessous du scandale étouffé du gaz de schiste, où le forage de 742 puits sur une durée de 50 ans a été confié à la société Shell, sans attendre les résultats effrayants de l’étude d’évaluation environnementale et aussi sur la façon de l’Etap d’accorder des permis de recherche d’hydrocarbures à des sociétés de prospection qui sont adeptes du changement de nom tout les 3 ou 4 années et domiciliés dans des paradis fiscaux…

Je cherche un homme, qui nous explique comment une société d’extraction de pétrole qui déclare uniquement 600 barils/jour est toujours au stade d’octroi du renouvellement d’un permis de recherche alors que le site est en production, sans permis l’y autorisant, depuis une dizaine d’années et pourquoi l’Etat se prive de ses parts de production et surtout qui sont les gros bonnets profiteurs.

Je cherche un homme, qui peut nous éclairer sur les véritables dessous de l’affaire Petrofac qui a été un cas d’école dans la désinformation journalistique et le mensonge de masse et sur le devenir de l’uranium de la mine de phosphate au Kef de Sra-Ouartane.

Je cherche un homme qui peut faire simple et vrai au lieu de faire compliqué et faux. Vers cette Tunisie aujourd’hui si compliquée, il faut y aller avec des idées simples. Faut-il en avoir le courage.

Nous avons besoin des lumières d’un homme éclairé, éclairant et dont les armes sont son amour pour son pays, son intelligence, son immense culture, sa rigueur, sa pensée, sa raison, sa mesure et sa retenue pour combattre les ennemis de la Tunisie, de son peuple, de sa paix, de sa grandeur, de sa modernité et de sa prospérité.

La terre Tunisienne est fertile. La semence est prête.

On cherche des hommes. On cherche des femmes. De la race des seigneurs. Prêts pour le pouvoir. Qui supportent le feu. Lucides et déterminés. Qui ont une âme, de la stature et de la crédibilité. Par la prière ou par l’intelligence. Par la sueur ou par les larmes. Il faut absolument qu’ils émergent.

Un jour ou l’autre, ils émergeront. Nous devons absolument y contribuer.

 

* Pneumo-allergologue

NB :
1- En disant «je cherche un homme», Diogène (413-327) av J.-C., était à la recherche d’un homme honnête et vrai. Il aura de la peine à en découvrir un qui en soit digne.
2- Le titre de la tribune n’a rien à voir avec les sites de rencontre : Je cherche un homme.com

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!