Dans un conte proposé à des écoliers de Tunis, on peut lire que l’époux éduque sa femme pour en faire une épouse soumise et bien élevée. Vous avez dit misogynie?
C’est une parente d’élève qui découvert ce conte au ton machiste, intitulé « Le roi Adel », édité par la Bibliothèque verte, où l’on peut lire ce passage pour le moins surprenant : «Et son époux a réussi à l’éduquer jusqu’à en faire un modèle d’épouse soumise, humble, bien élevée et parfaite»… (sic !).
On peut imaginer l’influence que pourrait avoir un pareil passage, qui suinte le machisme et la misogynie, sur l’esprit des enfants.
Kapitalis a montré cet extrait à Ahlem Mahmoud, orthophoniste, pédopsychologue, auteure et éditrice de livres pour enfants. Cette spécialiste, qui s’intéresse au développement de l’enfant et à la place fondamentale que les contes occupent dans sa vie et la formation de sa conscience et de son imaginaire, s’est montrée tout autant surprise que choquée qu’un tel passage n’ait pas encore attiré l’attention des éducateurs.
«L’enfant est un être en construction, son cerveau est immature, très fragile et malléable. Son environnement social et affectif agit directement et en profondeur sur son cerveau. Son entourage joue un rôle prépondérant dans son éducation, sa socialisation et son comportement futur, celui de l’adulte qu’il sera plus tard», a indiqué la psychologue, en précisant que l’entourage de l’enfant, c’est sa famille et son école, qui représente pour lui une seconde famille.
«L’école, cette institution officielle où la littérature est considérée comme un support pour les apprentissages tient une place essentielle dans la transmission des savoirs. Cette littérature, on la retrouve dans les contes, qui occupent une place privilégiée dans la culture de l’enfant et sont un formidable outil d’apprentissage puisqu’ils permettent à l’enfant de construire les bases de sa culture», a-t-elle ajouté.
Les contes peuvent apporter beaucoup aux élèves sur le plan personnel, car ils leur offrent la possibilité de s’instruire, de s’ouvrir au monde, de nourrir leur imaginaire, de découvrir, de comprendre la vie, de rêver, et de grandir, indique la spécialiste, qui considère les contes comme une source précieuse d’exploitation pédagogique pour les enseignants.
«Malheureusement, les enseignants ne donnent pas de l’importance à tout cela, en donnant à nos enfants des contes qui sont néfastes et dévastateurs pour leur avenir et pour leurs comportements, comme ce conte qui a été proposé par une enseignante à ses élèves de la 4e année de l’école de base. C’est un crime contre l’enfance», a-t-elle conclu.
Y. N.
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