Depuis sa nomination, il y a une semaine, on n’a pas encore entendu le nouveau Premier ministre Ahmed Hachani. Va-t-il marcher sur les pas de sa prédécesseur Najla Bouden, qui a très rarement parlé durant son mandat de près de deux ans ? Ce ne serait pas la bonne méthode pour gagner la confiance des Tunisiens.
Par Elyes Kasri *
Afin de couper court aux rumeurs, supputations et fake news qui ne peuvent qu’envenimer une atmosphère sociopolitique déjà suffisamment lourde dans une Tunisie en crise, le nouveau chef de gouvernement Ahmed Hachani devrait informer les Tunisiens de ses priorités ainsi que de la méthodologie et du calendrier de leur mise en œuvre.
Assainissement de l’administration ou nouvelle purge ?
A part, les réformes économiques dont le report par les précédents gouvernements n’en a fait qu’alourdir la facture économique, sociale, sécuritaire et diplomatique, l’assainissement de l’administration et du secteur public est un choix respectable et susceptible d’être légitimement considéré comme un préalable à la mise en œuvre de tout programme de réformes en éliminant la cinquième colonne et les tentacules de la pieuvre de l’islam politique, de la gauche utopiste, du syndicalisme féodal en plus des cartels familiaux et des délinquants économiques de tout acabit.
Il serait éminemment utile que le chef de gouvernement informe dans les meilleurs délais l’opinion publique des mécanismes, critères et modalités d’assainissement de l’administration et du secteur public avec des projections chiffrées et un calendrier.
Programme d’action et communication claire
Outre l’obligation de ne pas en faire une énième fausse bonne nouvelle, la crédibilité de l’opération d’assainissement dépendra de la transparence de sa mise en œuvre et de la crédibilité de ceux qui en auront la charge afin de dissiper toute impression de déjà vu et d’une nouvelle purge à caractère politique comme il a été le cas sous la troïka (ancienne coalition dominée par le mouvement Ennahdha ayant gouverné entre 2011 et 2014, Ndlr) de sinistre mémoire.
La conjoncture nationale et internationale a considérablement rétréci toute marge de manœuvre et nécessite une communication claire sur le programme d’action du gouvernement notamment dans le cadre des préparatifs d’une loi de finances 2024 crédible et susceptible d’être l’amorce d’une sortie de crise.
* Ancien ambassadeur.
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