Perdue dans les montagnes entourant la route de Tataouine à Chenini, où règne un silence sépulcral, se dresse une mosquée austère, d’une blancheur éblouissante, dont le minaret est curieusement penché. Il s’agit de la mosquée des Sept Dormants de Chenini, un joyau architectural qui incarne non seulement l’histoire de la religion, mais aussi l’une des légendes les plus fascinantes de la région.
Ce lieu sacré est en effet chargé de mystère et de spiritualité et, au fil des siècles, a enchanté et inspiré fidèles et visiteurs.
La légende des Sept Dormants est un conte qui trouve ses racines dans diverses cultures et religions, notamment l’islam, le christianisme et l’islam chiite. L’histoire raconte l’histoire de sept jeunes gens qui cherchèrent refuge dans une grotte pour échapper aux persécutions religieuses. Ici, ils sont entrés dans un sommeil profond qui a duré des siècles, jusqu’à ce qu’ils soient découverts et réveillés par la découverte d’une nouvelle ère. La légende est un symbole de renaissance et de foi en la divinité.
Lien profond entre religion et traditions populaires
Cette mosquée, située au cœur de Chenini à Tataouine, a été construite en l’honneur des Sept Dormants et représente un lieu de pèlerinage pour les fidèles musulmans. La structure architecturale incarne l’essence même de la légende, avec sept colonnes symbolisant les sept dormeurs. Les murs sont ornés de décorations complexes qui racontent l’histoire des Dormeurs et invitent à la contemplation spirituelle. La mosquée n’est pas seulement un lieu de prière, mais aussi un témoignage tangible du lien profond entre religion et traditions populaires.
La légende des Sept Dormants, avec son thème de renaissance et de protection divine, se reflète dans la spiritualité des fidèles qui visitent cette mosquée. Ici, l’histoire devient un véhicule de dévotion et de contemplation.
Des tombeaux géants de plus de 5 mètres de long, dont l’origine reste à ce jour inexpliquée.
Le lieu présente une autre particularité tout aussi énigmatique : la présence dans un tout petit cimetière juxtaposé à la mosquée, de plusieurs tombeaux géants de plus de 5 mètres de long, dont l’origine reste à ce jour inexpliquée.
Au sud de la Tunisie : les sept saints sont également vénérés dans une grotte à El-Oudiane, et dans un ancien cimetière à Midès. Il est probable que ces sites étaient déjà fréquentés à l’époque préislamique, sans doute dédiés à d’autres cultes, et qu’après l’islamisation de la région, les populations locales, notamment Ibadites, entretinrent les cultes rendus à ces sanctuaires. Ce sont ensuite progressivement les Sept Dormants qui y furent vénérés.
Il semble que la mosquée Chenini ait été reconstruite à partir d’un oratoire plus ancien, creusé à flanc de montagne; elle fut agrandie d’une salle construite en 1323 et dotée d’un haut minaret, aujourd’hui très penché.
Les origines du village remontent au XIIe siècle, lorsque les Berbères se réfugièrent sur ces terres pour échapper à l’invasion des hommes du calife Fatmide Al-Mustansir.
Le mythe des sept saints de taille géante
La construction de la Mosquée des Sept Dormants remonte également à cette époque, qui tire son nom d’une curieuse légende selon laquelle sept saints de taille géante y seraient enterrés dans des tombeaux de plus de 5 mètres de long.
En réalité, les légendes liées à ce lieu sont si différentes les unes des autres qu’il est très difficile de s’y orienter, mais cette imprécision n’enlève rien au caractère sacré du lieu, vénéré depuis des siècles : les populations locales citent de nombreuses études sur le sujet, surtout les jeunes filles de mariage, elles viennent le vendredi déjeuner près des tombeaux et allumer des bougies.
Le mythe des Sept Dormants a traversé les siècles et les frontières, pénétrant profondément dans le tissu culturel du Maghreb. En Tunisie et dans d’autres pays du Maghreb, le mythe a été incorporé dans la tradition orale et a influencé la compréhension de la coexistence entre différentes confessions religieuses et la mosquée des Sept Dormants de Chenini Tataouine est un exemple tangible de la façon dont ce mythe a été adopté et célébré en la région sud tunisienne et comment ce lieu est capable d’unir l’histoire et la foi dans une seule expression de spiritualité.
Traduit de l’italien.
Source : Ansamed.
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