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Tunisie: David Cameron sévèrement critiqué en Grande-Bretagne

Beji-Caid-Essebsi-David-Cameron

L’appel de David Cameron aux Britanniques de quitter la Tunisie est sévèrement critiqué par des diplomates britanniques.

Par Moncef Dhambri

Oliver Miles, retraité du Foreign Office, a pris le contrepied de la décision «hâtive» de David Cameron. Il ironise: «Si l’on applique la logique du Premier ministre, il faudra aussi quitter la Grande Bretagne…»

Pour M. Miles, âgé de 79 ans dont plus de 35 passés au service de la diplomatie de Sa Majesté qu’il a quittée en 1996, il y a eu erreur de la part du Foreign Office à avoir paniqué comme il l’a fait en décrétant que les touristes britanniques, toute affaire cessante, mettent un terme à leur séjour en Tunisie.

Pourquoi précisément la Tunisie?

Dans une déclaration sur la chaîne de télévision ITN, l’ancien diplomate, qui, entre autres fonctions, a occupé celle d’être à la tête du département des Affaires du Proche Orient et de l’Afrique du nord (1980-84), explique que «s’il n’est plus sûr de se rendre en Tunisie, il n’est pas sûr de rester chez soi au Royaume-Uni, non plus.»

Dans l’enregistrement diffusé hier, samedi 11 juillet 2015, par ITN, M. Miles s’étonne sur ce traitement spécial que Whitehall a réservé à «l’unique success story du Printemps arabe»: «Je me demande pourquoi a-t-on choisi précisément la Tunisie? Il est vrai qu’il y a eu cette atroce attentat terroriste de Sousse du 26 juin (qui a coûté la vie à 30 ressortissants britanniques, Ndlr) mais, rappelez-vous que, ce même jour, le terrorisme a frappé également au Koweït, en Egypte et en France, et, 2 jours plus tard, au Yémen. Il y a toujours eu des incidents aussi horribles un peu partout à travers le monde, et de tout temps. Malheureusement, aussi, il y en aura d’autres…»

Oliver-Miles

Oliver Miles.

Oliver Miles s’interroge: «Pourquoi penser que, parce le dernier incident a eu lieu en Tunisie, le prochain attentat sera forcément perpétré en Tunisie?»

Avec une bonne dose d’ironie cinglante, l’ancien diplomate frappe encore plus fort: «Il me semble que la logique qui semble avoir dicté cette décision (du Foreign Office d’appeler instamment tous les ressortissants britanniques de rentrer au pays, Ndlr), devrait également s’appliquer à l’Egypte, par exemple, au Maroc aussi, à la Jordanie, à la France, à l’Amérique, et ainsi de suite. D’ailleurs, elle pourrait même être appliquée à la Grande Bretagne, si l’on poussait ce raisonnement à l’extrême», conclut-il.

La «précipitation» du Foreign Office

Cette critique sévère d’Oliver Miles, qui vient s’ajouter aux innombrables témoignages des touristes britanniques profondément surpris d’être appelés à écourter leurs séjours en Tunisie, prouve qu’il y a eu «précipitation» de la part du Foreign Office qui mérite plus ample explication.

Les Tunisiens, avec les faiblesses et les imperfections du système sécuritaire de leur pays, sont en droit de savoir si le parcours commun tuniso-britannique doit s’arrêter là et si la success story du Printemps arabe «n’est plus du goût» du 10 Downing Street. Crispin-Blunt

Crispin Blunt.

Certains amis conservateurs de M. Cameron n’ont pas manqué d’exprimer leur désapprobation. Hier, par exemple, Crispin Blunt, ancien secrétaire d’Etat à la Justice et actuellement membre de la Chambre des communes où il préside la Commission des Affaires étrangères, a confié au ‘‘Daily Mail’’  que «se déplacer en Tunisie n’est pas plus dangereux que de vivre en Grande Bretagne» et que, pour sa part, «malgré la mise en garde du gouvernement de M. David Cameron, il serait prêt à se rendre avec sa famille en Tunisie. «Me fiant aux informations que je détiens (en tant que président de la Commission des Affaires étrangères des Communes, Ndlr), je n’hésiterais pas à me rendre en Tunisie en compagnie de ma famille…»

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