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La Tunisie face à la nouvelle hégémonie Nidaa – Ennahdha

10e-Congres-Ennahdha-Caid-Essebsi-Ghannouchi

Quand Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi filent le grand amour…

Le nouveau pouvoir hégémonique du tandem Nidaa – Ennahdha, dont on ne mesure pas suffisamment la dangerosité, menace, sérieusement, la jeune démocratie tunisienne.

Par Chedly Mamoghli *

Qui ne souvient pas du slogan brandi ente les deux tours de l’élection présidentielle par les partisans d’Ennahdha et de Moncef Marzouki? Après la victoire de Nidaa Tounes aux législatives et l’arrivée de Béji Caïd Essebsi en tête au premier tour, les islamistes et les partisans de l’ancien président provisoire avaient usé et abusé de l’épouvantail «ettagaouel» (hégémonie).

L’alliance des ennemis

Aujourd’hui, force est de constater que l’hégémonie n’est pas venue de Nidaa Tounes qui, moins d’une année après son arrivée au pouvoir, ses luttes intestines ont eu raison de lui. Affaibli, décrédibilisé et surtout ayant déçu les citoyens qui ont placé leur confiance en lui, ce parti n’est plus ce qu’il était avant les élections, même s’il représente encore à l’Assemblée un groupe parlementaire important comptant 56 députés, le second après celui d’Ennahdha, qui en compte 69. Résultat des courses : l’alliance, hier encore inimaginable, entre Nidaa Tounes et Ennahdha et l’incroyable symbiose qui règne, aujourd’hui, entre les ennemis d’hier, et qu’illustre la parfaite complicité entre leurs deux leaders respectifs, Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi, nous place en face d’une vraie hégémonie.

D’abord, l’alliance entre ces deux partis a frappé une notion fondamentale de la démocratie, à savoir la présence d’une majorité et, en face, d’une vraie opposition solide et structurée, sachant que, dans les pays démocratique, l’opposition est une institution nécessaire à l’équilibre des pouvoirs.

Un pouvoir sans contrôle

Ensuite, un autre pas a été franchi en direction de cette hégémonie, puisqu’on assiste désormais à un amour quasi-fusionnel entre les deux principales formations politiques qui exercent une hégémonie de fait. Quelle opposition est en mesure de contrecarrer leurs ambitions ou contrarier leurs desseins? Comment le pouvoir de la majorité sera-t-il raisonné et contrôlé en l’absence d’une opposition solide?

Une opposition composée uniquement de l’extrême gauche, trop faible, et de certains députés proches de Moncef Marzouki connus pour leur populisme ne fera que la décrédibiliser encore davantage et renforcer l’hégémonie du tandem Nidaa Tounes – Ennahdha. Pis encore, face à un pouvoir hégémonique, les médias et les milieux des affaires ont tendance à s’aplatir et à caresser dans le sens du poil, renforçant ainsi les moyens du nouveau pouvoir qui peut désormais régner sans partage.

Ce nouveau pouvoir hégémonique, dont les Tunisiens ne semblent pas mesurer suffisamment la dangerosité, menace aujourd’hui, sérieusement, la jeune démocratie tunisienne, encore fragile et vulnérable.

* Juriste.

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