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L’attentat de Jérusalem (III): La paix plus lointaine que jamais

S’ils veulent éviter le sort qui, autrefois, a été celui des Royaumes Latins d’Orient, les Israéliens seront, un jour ou l’autre, obligés de suivre la voie sud-africaine.

Par Dr Mounir Hanablia *

Le dernier attentat de Jérusalem, dimanche 8 janvier 2017, semble avoir déclenché comme beaucoup l’avaient prévu une dynamique conduisant, ainsi que cela était souvent arrivé dans le passé, à une nouvelle guerre, ou plutôt une nouvelle bataille, dans la guerre de 100 ans, dont la déclaration Balfour en 1917 avait constitué l’ouverture.

La colonisation israélienne de la Cisjordanie se poursuit: de quoi désespérer davantage les Palestiniens. 

Poursuite de la politique de colonisation israélienne

La logique de cette escalade est simple : chaque fois que la question centrale du conflit, celle de la terre, de la colonisation, et de l’Etat palestinien, apparaît devoir être remise sur le tapis, dans un cadre international de négociation, et un contexte diplomatique jugé défavorable, le gouvernement israélien prend prétexte d’un environnement régional peu propice à la conclusion de la paix, au besoin en provoquant des incidents armés avec les pays voisins, ou un nouveau soulèvement dans les territoires occupés, pour en reporter indéfiniment l’échéance, afin de poursuivre sa politique du fait accompli sur le terrain; au nom des impératifs de sécurité.

C’est qu’une conférence internationale sur la recherche de la paix en Palestine se déroule ce weekend à Paris dont justement le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a décidé le boycott.

Deux jours auparavant des tirs de missiles ont détruit une base militaire syrienne près de Damas, le gouvernement syrien a accusé Israël d’en être l’auteur à partir de ses installations du Golan, occupé en Juin 1967.

Cette attaque vient à point nommé montrer clairement de quel côté dans le conflit syrien penche l’état hébreu, qui ne semble pas du tout enchanté par la perspective de se retrouver bientôt de nouveau face à face avec l’armée régulière syrienne.

Il faut se rappeler que la spirale conduisant à des conflits majeurs avait commencé par des actes semblables contre l’armée syrienne en 1981, puis en 2006.

Le nouveau président américain Donald Trump est considéré comme un grand ami d’Israël.

Il faut donc s’attendre maintenant qu’a débuté la présidence de Donald Trump, considéré comme un grand ami d’Israël, que ce pays entreprenne des actions militaires de grande envergure qui auront plusieurs buts: s’assurer des gains tactiques; jauger la nouvelle administration américaine; remettre sur le tapis la question du nucléaire iranien dont l’accord conclu sous le président Barak Obama n’avait jamais satisfait l’Etat sioniste; détourner l’attention de la situation tragique des habitants des territoires occupés et rendre toujours moins possible et moins probable la création d’un Etat palestinien.

Il faut dire que les choses n’ont pas traîné à Jérusalem après l’attentat : selon des organisations de défense des droits de l’homme, après l’expulsion de la famille de l’auteur de l’attentat, plusieurs maisons ont été démolies au bulldozer dans le quartier de Jebel Mukabbar, de Jérusalem, sous le prétexte que les taxes municipales n’avaient pas été acquittées; certains de leurs habitants qui protestaient ont été passés à tabac par la police, parfois sérieusement blessés.

Cette situation typiquement coloniale sur le terrain ne préjuge d’aucune évolution positive ni d’aucune volonté de résoudre politiquement les problèmes en suspens avec l’autorité palestinienne.

Intérêt accru d’Israël pour l’Afrique du Nord

La grande question demeure donc de savoir quelle sera l’attitude de l’Etat israélien vis-à-vis de ses voisins après la fin possible de la guerre en Syrie. Et pas seulement de ses voisins : les autorités algériennes ont annoncé le démantèlement d’un réseau d’espionnage israélien constitué de citoyens du Sahel Africain opérant dans le Sud du pays près de la frontière libyenne, ce qui, après l’opération attribuée au Mossad à Sfax le mois dernier, semble démontrer un intérêt accru pour l’Afrique du Nord, et le soutien à des mouvements séparatistes n’en constitue que la partie la plus visible.

Hasard ou pas, le sud de notre pays vient de s’embraser près de la frontière libyenne à Ben Gardane, la semaine dernière, dans les conditions que l’on sait, et cela dans un contexte constitué par le retour des mercenaires de Syrie et d’Irak qui soulève un problème sécuritaire sérieux, et sur un fond revendications sociales que l’Etat est incapable de satisfaire.

Mais la Tunisie, qui a souvent subi depuis la fondation de Carthage, le contrecoup de la situation stratégique prédominant au Proche-Orient, a toujours fini par surmonter les invasions, quand elle ne s’y est pas opposée victorieusement, comme par exemple celle du Roi de France Louis IX qui avait fini par y succomber de la peste en 1270. Et c’est d’ailleurs un précédent dont devraient se souvenir les stratèges de Tel Aviv : les Croisés n’avaient dû, de pouvoir se maintenir pendant près de trois siècles en Palestine, qu’à l’aide militaire économique et humaine qu’ils n’avaient cessé de recevoir d’Europe, et la désunion politique des peuples de la région.

Or l’Europe n’est plus en mesure d’apporter une telle aide, et les Etats-Unis, après les guerres d’Afghanistan et d’Irak, qu’ils n’ont pu conclure d’une manière conforme à leurs objectifs initiaux, estiment désormais que la menace stratégique russe et chinoise constitue leur préoccupation principale.

Quant au monde arabo-musulman, il est vrai que sa situation actuelle est aussi sombre, que celle qui prévalait lorsque les Mongols avaient envahi la région au XIIIe siècle. Mais ces peuples héritiers de grandes civilisations, quoique actuellement divisés possèdent suffisamment d’attributs civilisationnels partagés qui leur permettront un jour de faire face à un péril commun, et le Liban entre 1982 et 2000, a apporté à cet effet une preuve éclatante.

C’est dire combien le précédent sud-africain représente la voie que les Israéliens seront un jour ou l’autre inévitablement obligés de suivre s’ils veulent éviter le sort qui, autrefois, a été celui des Royaumes Latins d’Orient. Et les faits accomplis ou les colonies établies sur les hauteurs et ou les aquifères risquent de n’y rien changer.

* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.

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