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Handball : Tunisie championne d’Afrique ou la preuve par dix

L’équipe de Tunisie a repris sa couronne de championne d’Afrique de handball, samedi 27 janvier 2018, à Libreville, Gabon, après sa victoire en finale devant l’Egypte, 26-24.

Par Hassen Mzoughi

Cette couronne, elle en avait été privée, face à cette même Egypte, tenante du titre, en finale du championnat d’Afrique hommes 2016, au Caire, par un arbitrage russe scandaleux.

La Tunisie reste donc la puissance numéro 1 du handball masculin dans le continent. Déjà qualifiés pour le prochain mondial organisé conjointement par l’Allemagne et le Danemark, comme l’Egypte et l’Angola (3e), les Tunisiens ont remporté, haut la main, un 10e trophée continental, améliorant leur propre record; l’Algérie et l’Egypte restant respectivement à 7 et 6 titres.

Il est bon de rappeler, aussi, que les juniors et les cadets tunisiens ont été sacrés champions d’Afrique en 2016 aux dépens de l’Egypte. Ce qui démontre une vitalité de ce sport en Tunisie qui continue d’enfanter des champions.

Le président Ali Bongo remet le sacre au valeureux capitaine Makram Missaoui.

La défense tient le coup

Pour s’imposer devant une équipe d’Egypte présentée pompeusement comme la super favorite du tournoi, les Tunisiens ont fait valoir leur cran, leur force de caractère, leur supériorité technique individuelle et leur remarquable capacité de concentration.

A l’inverse des Egyptiens, s’appuyant essentiellement sur un trio composé de leur stratège Ahmed Lahmar, de l’inarrêtable Ali Zine et du fin Islam Hassen, qui se sont émoussés en seconde période, les Tunisiens ont défensivement bien géré leur match, quand les choses n’allaient pas bien au cours de la période initiale, avec notamment 12 fautes en attaque en 10 minutes en début de match, un écart au score de -4 à la 23e minute (10-14), avant que Makram Missaoui ne sauve une balle de -5 qui aurait tout hypothéqué. Rafik Bacha, jusque là «muet», Mohamed Soussi puis Amine Bannour ont réduit la différence à -2 (13-15) à la fin de la première demi heure, contre un seul point réussi par les Egyptiens 2 minutes avant la pause.

Makram Missaoui élu meilleur gardien du tournoi.

Jaziri et Hosni les baroudeurs

Visiblement contrarié par la solidité défensive des Tunisiens, le tenant du titre commence par ailleurs à montrer des limites qui allaient se confirmer en seconde période sous les coups de semonce d’Oussama Jaziri et Oussama Hosni, les deux grands hommes de cette deuxième partie du match.

De – 2 à +2 à la 43e minute, la Tunisie a renversé une situation compromise; le gardien Majed Hamza arrête un tir des 7 mètres puis Oussama Hosni coupe une balle de contre attaque avant que Oussama Jaziri n’égalise à 15 partout (34’).

Dès lors, les hommes d’expérience allaient tenir la maison : Makram Missaoui, Oussama Hosni, Marwan Chouiref, Aymen Toumi, Amine Bannour, Mohamed Soussi et Oussama Jaziri avec le remarquable baroudeur Rafik Bacha.

De loin plus frais que leurs vis-à-vis, les hommes de Toni Gerona vont prendre pleinement la mesure des Egyptiens, lents et maladroits à la manœuvre, fatigués par une défense tunisienne bien en place et le rythme que leur ont imprimé les Tunisiens en attaque. Et, pire encore, avec peu de solutions dans le jeu. Sans oublier le curieux remplacement en seconde mi-temps du gardien Mohamed Issam, très bon jusque-là, par Mohamed Ali.

Le second gardien Majed Hamza, appelé en dernière minute, a été pour beaucoup dans le sacre de ses coéquipiers.

À l’horizon 2020

Rien ne va plus arrêter les Tunisiens. Le match est désormais entre leurs mains. Le score est monté pour la première fois en leur faveur à +3 (22-19, 40’) grâce à Oussama Jaziri, écart que va protéger Oussama Hosni à la 26e minute (25-22). Puis Makram Missaoui, auteur encore d’une belle prestation (67% de taux de réussite), se met de nouveau en évidence notamment par une parade face à Mohamed Hachem, juste à une minute de la fin.

La veille de la compétition, beaucoup ont pointé les nombreuses absences en sélection (Wael Jallouz, Mosbah Sanaï, Abdelhak Ben Salah et Oussama Boughanmi) et une préparation «soft». Mais l’effectif parti pour Libreville est suffisamment armé, avec non seulement des joueurs de métier, mais aussi des jeunes qui ont rempli leur contrat pour leur premier CAN : Skander Zaied, Anouar Ben Abdallah, Youssef Maaref, Mohamed Soussi, Achraf Saafi, Chafik Boukadida, Rafik Bacha, Jihed Jaballah : une génération tournée vers le Championnat d’Afrique 2020 organisée à Tunis et qualificatif pour les Jeux olympiques.

La qualité individuelle des joueurs et les postes doublés voire triplés – chose que l’Egypte n’avait pas – ont permis de monter en force jusqu’à la finale. Le staff technique a fait tourner l’effectif pour ménager les joueurs pendant le premier tour, les quarts et demi finales, sans enregistrer des blessures, sauf celle du gardien Marwan Maggaiez, excellemment remplacé par Majed Hamza. Avant de placer les joueurs de métier en finale, mais les révélations parmi la nouvelle vague comme Rafik Bacha, Mohamed Soussi, Skander Zaied et Anouar Ben Abdallah annoncent d’autres conquêtes.

L’esprit de groupe – en l’absence de stars –, l’ambition d’imiter leurs homologues en basketball et volleyball, qui avaient remporté eux aussi le championnat d’Afrique, et la culture de la gagne bien ancrée dans le milieu de la petite sphère ont rendu possible cette nouvelle performance.

La joie de l’entraîneur Toni Gerona et du préparateur physique Omar Khedhira, qui ont bien géré l’effectif.

Hommage aux clubs et aux entraîneurs

N’oublions surtout pas de féliciter tous les clubs tunisiens et leurs techniciens qui ont toujours entretenu la flamme, et de rendre hommage aux entraîneurs nationaux qui se sont passé le relais pour conserver le standing de la discipline.

La Tunisie a donc fait respecter la hiérarchie en Afrique. Dommage que la concurrence reste uniquement tuniso-égyptienne depuis plus de deux décades, après l’éclipse d’une autre puissance, l’Algérie en l’occurrence, dont la 5e place au classement final de cette édition 2018 est la preuve de la stagnation des «Verts», autrefois maîtres en Afrique.

Cette rivalité réduite à un duel entre Tunisiens et Egyptiens ne favorise guère la progression du handball africain au niveau mondial. À ce propos la Confédération africaine de handball est interpellée pour améliorer la pratique de cette belle discipline très prisée chez les jeunes mais dépourvue de moyens.

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