28 Sep 2018 | 14:20 A LA UNE, SOCIETE, TRIBUNE, Tunisie
Deux lycéens viennent d’écoper de six mois de prison avec sursis pour s’être embrassés dans leur établissement scolaire. C’est le triomphe, en Tunisie, des conservateurs de tout poil qui veulent continuer à contrôler de l’espace public au nom du respect des bonnes mœurs.
Par Mohamed Sadok Lejri *
Les deux lycéens ont été dénoncés à l’administration par le gardien du lycée, probablement un péquenaud qui brûlait d’envie d’être à la place du jeune lycéen et qui, en se faisant officier de cette inquisition, a trouvé un antidote à sa frustration sexuelle.
Vous aurez compris qu’il ne s’agit pas de deux jeunes qui se bécotent en public. En effet, un baiser donné à la vue de tout le monde prend une toute autre portée que celle d’un simple baiser dans un pays empêtré dans une culture moyenâgeuse.
Depuis plusieurs années, ces condamnations judiciaires pour atteinte à la morale et outrage aux bonnes mœurs portent à chaque fois sur la place publique un affrontement qui remonte à loin, celui de deux projets de sociétés antagonistes et inconciliables. C’est, avant toutes choses, un affrontement de deux visions antagonistes par rapport à la sexualité des Tunisiens.
Il y a, d’abord, la crainte des conservateurs tunisiens de voir leurs compatriotes s’affranchir de la tutelle de la morale religieuse et se frayer un chemin vers une plus grande liberté sexuelle.
En effet, les conservateurs tunisiens redoutent comme la peste la sécularisation de la société et l’émancipation des corps et des plaisirs. Conservateurs et moralisateurs de tout poil veulent conserver le monopole du contrôle de l’espace public au nom du respect de la morale et des bonnes mœurs. Ils refusent que les affaires et l’espace publics soient gérés par les valeurs «dépravées» de l’Occident.
L’intrusion des «valeurs étrangères» n’est pas toujours rejetée en bloc par les conservateurs, mais quand il s’agit de sexe, le tabou suprême de toutes les sociétés dites arabo-musulmans, ou plus précisément quand il s’agit de liberté sexuelle et de l’affranchissement du corps de la femme de la tutelle étouffante des traditions sociales et religieuses, l’intrusion en question est perçue comme une atteinte à leur honneur et un renoncement aux valeurs sacrées. Une capitulation. Aucune remise en question des mœurs conservatrices et des normes sexuelles traditionnelles ne doit être envisagée. Oui à la modernité tant qu’elle n’est pas synonyme de liberté sexuelle.
Les conservateurs refusent de comprendre que la modernité est nécessairement une déchirure, elle implique une rupture. Pour les conservateurs, tout peut se moderniser, sauf la sexualité des Tunisiens, notamment celle des femmes qui doit consolider la morale dominante et prémunir la société contre les «feux de l’enfer de la lubricité». Ainsi, l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire et sécuritaire pour imposer dans l’espace public une conception moyenâgeuse et inquisitoriale des bonnes mœurs, pour imposer une conception totalitaire de la morale, devient nécessaire.
Dans le camp d’en face, il y a les progressistes. Ces derniers essayent de faire évoluer les mœurs… mais sans trop se mouiller. Il faut qu’ils comprennent que la provocation des conservateurs et le choc des consciences participent à la transformation de la société. Hélas, et comme à l’accoutumée, nos progressistes, à quelques exceptions près, se sont montrés lâches et timorés devant ce tollé suscité par l’affaire du baiser. Les plus courageux prennent la défense des jeunes «dévergondés» du bout des lèvres, les autres, pour ne pas avoir à affronter le conservatisme de leurs compatriotes et ne pas trop s’embarrasser du qu’en-dira-t-on, se mettent en position d’accusateurs : «Oui, cette affaire n’aurait jamais dû être judiciarisée, mais ces jeunes n’auraient pas dû céder à la provocation, ils n’auraient pas dû…»
Les progressistes doivent faire face à certains tabous et arrêter de noyer le poisson en se focalisant, par exemple, sur les vices de procédure. La remise en cause de la doxa et le rejet de l’orthopraxie sont un passage obligé si l’on veut sortir du vieux dispositif qui sanctifie la morale religieuse et les bonnes mœurs et qui s’appuie sur la répression sexuelle. Seul un électrochoc désinhibiteur affaiblira les tabous religieux et sexuels. Une révolution sexuelle fondée sur une liberté totale en matière de sexualité (relations sexuelles tolérées avant et hors mariage, droits des homosexuels) s’impose.
Il faut en finir avec cette exigence, voire cette sacralisation de la virginité, laquelle accentue la chosification de la femme et confère une légitimité aux plus sévères condamnations (judiciaires, morales et sociales). Il faut arrêter de mesurer l’honneur et la «valeur marchande» de la femme à l’aune de la présence ou de l’absence des contacts sexuels.
Il faut contester cet ordre séculaire et inique fondée sur le conformisme intellectuel et la répression sexuelle. Ce système de valeurs surannées est à l’origine d’une véritable névrose collective. Les rapports intimes préconjugaux entre les hommes et les femmes ne doivent plus être des moments volés, les couples qui s’y adonnent ne doivent plus se culpabiliser.
Non seulement il faut résister à l’intimidation sociale, aux assauts policiers, aux condamnations judiciaires et aux menaces proférées par les extrémistes, mais en plus il faut revendiquer sans la moindre équivoque la liberté sexuelle et le droit de se bécoter en public. C’est le seul moyen d’en finir avec la répression morale et religieuse et de mettre fin aux inhibitions consubstantiellement liées à notre culture arabo-musulmane moyenâgeuse, une culture à l’origine de tant de frustrations et de névroses en terre d’islam…
* Universitaire.
Articles du même auteur dans Kapitalis :
Colibe : Révolution des mentalités ou petite évolution sociétale ?
Pourquoi une femme doit-elle se voiler la tête pour prêter serment ?
Bel article, hier il y a eu émeute dans le quartier intilika contre la fermeture d’un vendeur d’alcool. Jusqu’à quand ce cirque va perdurer d’interdiction de vente d’alcool dans les magasins comme tous les autres boissons. Les arabes boivent de l’alcool depuis des siecles, les saoudiens et leurs voisins sont les plus grands consommateurs de wiski. Des sociétés archaïques qui refusent d’évoluer sous prétexte de morale et pudeur alors que les statistiques réelles montrent qu’elles sont les premières dans les crimes de viol et massacre de leurs enfants, la corruption et tout ce qui est immoral. Comment peut-on accepter un jugement de deux adolescents pour un simple baiser et déclaré par un gardien. C’est une honte pour le proviseur de ce lycée.
Vous êtes des tocards pour être comme les Européens c’est de la folie vous êtes en retard de plusieurs siècles
vis à vis le monde moderne ,le monde civilisé le monde créateur ,le monde de la technologie et de la science quelle kilo encore dans le tiers monde et ils veulent sauter le pas avec un baisé hhhhha vous vivez dans l’archaïsme et vous y restez.
La honte dans notre pays…diaboliser et pénaliser le bisous et banaliser l’incitation à la haine et les discours extrémistes et moyenâgeux!
Est-il facile de faire évoluer les mœurs dans un pays où le président est âgé de
92 ans et se présentera peut-être à 93 ?
Il faisait partie des gouvernants qui mettaient les flics dans les cinémas pour justement empêcher les jeunes de se bécoter.Je parle d’une situation qui prévalait il y a 50 ans , qu’en est-il aujourd’hui ? je l’ignore.Je suis dans un pays où on peut se bécoter sans déranger sans atteinte à la morale , les jeunes de ce pays sont passés par là et ont fait leur révolution.
»C’est le triomphe des conservateurs de tou poil » écrit Kapitalis. Pourqoui ne pas avouer que la machine judiciaire est truffée d’islamistes. Voici la vraie raison pour laquelle deux jeunes puissent écoper de 6 mois avec sursis pour un malheureux baiser. Honte aux juges, honte aux majistrats, honte à notre société qui se laisse faire.
Hier, c’était le scientifique ingénieur qui conseille aux parents de deux filles emportées dans les inondations ,il les conseille d’être fières de perdre des enfants martyres a ses yeux ,la pire des choses qui peut arriver aux parents et cela pour des raisons religieuses.
Aujourd’hui on apprend que la machine éducative et judiciaire se sont réunit pour infliger 6 mois de prisons à deux ados pour un simple baiser et cela aussi pour des raisons religieuses.
La coupe est pleine ,une révolution citoyenne est nécessaire pour extirper la société de ces dogmes et de ceux qui les portent.
L auteur de l article « pèquenaud « que tu es laisse les commentaires aux lecteurs ton avis personnel on s en tape tu rapporte des faits point tu parle de jalousie… fais ton travail et ferme la!
Pauvre péquenaud ou péquenaude,rurale et inculte,c’est une Tribune!
Vous voulez un commentaire qui vous convient?en voilà un:
Depuis le collège,on ne faisait que se bécoter et même avec la langue!!
Et comme je suis bien éduqué,je n’ose vous raconter comment on faisait fondre le carré de chocolat dans nos bouches…hum..miam-miam…..
Ce fait divers n’aurait pas du être relaté en long et en large ( avec toutes ses spéculations farfelues) dans des médias à » torchon… »
J’estime que le citoyen tunisien a d’autres problèmes plus graves du quotidien,… d’autres chats à fouetter que de s’intéresser à des futilités de ce genre.
FUTILITES ??? Certainement pas ! l’avenir de la Tunisie est dans les têtes des enfants… comment envisagent’ils les rapports humains ? Comment feront’ils évoluer ce pays ? Plus largement, quel type de Société vont’ils construire ?… Quel seront leurs choix ?…
– Regarder l’avenir dans le rétroviseur ? Avancer en marche arrière pour rester corsetés dans une doxa religieuse qui veut contrôler tout ?
– S’affranchir enfin des préceptes moyenâgeux ? Interdire et se rebeller contre les vieux « machins » absolument polarisés par ce qui se passe dans les slips de leurs contemporains ???
Bravo les enfants ! Embrassez-vous… c’est toujours mieux que la violence !!!
Hé Charlot la Tunisie est un pays Arabe et musulman vous êtes des ivrognes quelle honte quelle bassesse la preuve vous êtes en retard de plusieurs centaines d’années vis-à-vis le monde moderne le monde de savoir faire le monde de la technologie et de la science .
Ou est la vérité ? Un article dit deux lycéens dénoncés par le gardien du lycée, un autre un garçon de dix-huit ans, gardien d’un parc, ayant entrainé une fille de douze ans dans les toilettes du parc et libérée par un autre gardien.
Modérateur de Kapitalis : On a rétabli la vérité sur cette affaire: http://kapitalis.com/tunisie/2018/09/29/ce-netait-pas-un-baiser-mais-un-detournement-de-mineure-dans-un-parc/
Chers lecteurs,
Manifestement, je me suis hâté en besogne. Il n’en demeure pas moins que l’analyse contenue dans cet article d’opinion ne doit pas être jetée aux orties. Je n’en retire pas un mot. Mes regrets ne concernent que les données factuelles.
Amitiés
M. S. L.
Pousser des cris des Mélusine !
Au moment où les dieux ont soif, pousser des cris de Mélusine serviraient-ils à quelque chose, attiraient-ils quelconque attention ?
J’en doute fortement, bien que l’alarme soit indéniablement justifiée, légitimement notifiée, soit, à sa place dans le temps et l’temps !
Monsieur Lejri dont je salue la bravoure et non la bravade comme la pensent la horde des lâches d’une part, la bande d’Ali Baba maquillée par le cendre d’un linceul brulé, d’autre part.
Monsieur, votre analyse est juste, héla, il y aurait fallu des oreilles attentives pourvues d’une ouïe saine , de mémoires savantes alors que la masse gît dans un obscurantisme absolu, généralisé ! Abimée en surface par une lame de fond dont elle ignore totalement l’origine !
Détenteurs de la pensée totalitaire par excellence, la grande majorité des Tunisiens s’y attachent; parce que dépassés par l’idiome, devenu médium, qu’ils véhiculent quotidiennement alors qu’ils ne faisaient que reproduire ce même totalitarisme bien qu’il soit sournois !
Entre les descendants d’Ouzbeks, de tchétchens, d’Andalous et particulièrement ceux issus de la horde » des sauterelles », qui pourtant, gouvernent actuellement le pays, toute pensée logique et savante leur semble inaudible. Nul espoir, hélas, pour l’instant ! Les héros sont donc fatigués…
Pousser des cris de Mélusine !
Au moment où les dieux ont soif; pousser des cris de Mélusime serviraient-ils à quelque chose, attiraient-ils quelconque attention ?
J’en doute fortement, bien que l’alarme soit indéniablement justifiée, légitimement notifiée dans le temps et l’espace, soit à sa place, en cette période précise !
Monsieur Lejri dont je salue la bravoure et non la bravade comme la pensent la horde des lâches d’une part, la bande d’Ali Baba maquillée par le cendre d’un linceul brulé d’autre part (!)
Monsieur, votre analyse est juste, hélas, il y aurait fallu plutôt des oreilles attentives pourvues dune ouïe saine, rattachées à des mémoires savantes, sauf que la masse, y compris ses supposés élites, gît dans l’obscurantisme absolu et généralisé, abimée même en surface par une lame de fond dont elle ignore totalement l’origine !
Détenteurs donc de la pensée totalitaire par excellence, la grande majorité des Tunisiens s’y attachent puisque dépassés par l’idiome, devenu médium, qu’ils véhiculent pourtant quotidiennement et qui, alors, ne fait que reproduire ce totalitarisme absolu !
Entre les descendants d’Ouzbeks, de Tchétchens, d’Andalous et particulièrement de ceux issus de la horde » des sauterelles » qui détiennent les rouages de l’Etat et de ses institutions dans le pays, toute pensée savante, rationnelle leur semble inaudible ! Nul espoir donc, à part de sombrer dans le creux du surnaturel, le gouffre de l’abîme, le totalitarisme absolu ou la dépression !
Les héros sont fatigués Monsieur Lejri…