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Les Tunisiens doivent éviter le vide politique et rester unis face au terrorisme

L’article ci-dessous, dont le titre original est « Terror should not hurt Tunisia’s democratic gains », a été publié par le journal émirati « Khaleej Times », le 29 juin 2019, deux jours après les attentats-suicides du centre-ville de Tunis (2 morts). L’auteure analyse la situation politique actuelle en Tunisie.

Par Christiane Waked *

Depuis les attaques terroristes du 26 juin 2015, lorsqu’un homme armé d’une kalachnikov, a pris d’assaut une plage près de Sousse et tué 38 personnes, la Tunisie est aux prises avec des incertitudes, et fait face aux menaces terroristes émanant d’extrémistes nationaux, et de la Libye voisine. Les 2 attentats à la bombe du jeudi 27 juin visant les forces de sécurité du pays en sont un autre exemple.

Le timing de ces attaques semble très calculé

Selon Emmanuel Dupuy, président de l’Institut pour la sécurité et les perspectives européennes, basé à Paris, «le double attentat-suicide qui a simultanément frappé un véhicule de la police sur l’Avenue Bourguiba, au centre-ville de Tunis, et une caserne de la garde nationale à Gorjani, siège de l’unité anti-terroriste, le 27 juin 2019, s’est produit au début de la saison touristique, dans un contexte de climat politique tendu, en raison de la préparation des prochaines élections présidentielles et législatives, prévues pour octobre et novembre 2019. En outre, la détérioration de l’état de santé du président Béji Caid Essebsi, 92 ans, laisse présager une crise politique dans un puzzle institutionnel inextricable».

(…)

En premier lieu, ce double-attentat marque le début de la saison estivale pour le secteur du tourisme, qui est l’une des principales sources de revenus pour l’économie. Selon un classement de la Seto, un syndicat regroupant quelque 70 voyagistes français, la Tunisie est la 4e destination touristique des Français, pour les prochaines vacances estivales.

Les prochaines élections présidentielles pourraient être ébranlées

Selon M. Dupuy, l’absence de la Cour constitutionnelle (qui devait, selon la constitution de 2014, être prête dès 2015, Ndlr), pourrait constituer un élément de tension en cas de fortes divergences entre les partis politiques. La seule issue serait donc une transition «consensuelle» du pouvoir et de l’organisation des élections à la date convenue.

«Cependant, ajoute-t-il, ce n’est pas ce qui semble être le cas du climat politique actuel, où les 218 partis politiques tunisiens avaient eu du mal à se mettre d’accord sur cet agenda.»

Daech cherche à transformer la Tunisie en une plate-forme stratégique

La Tunisie n’a pas d’organisation interne liée à Daech, mais une « katiba » appelée Okba Ibn Nafaa, un groupe de combattants lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Après la défaite en Syrie et en Irak, Daech est en train de se réorganiser et de déplacer son groupe, qui chercherait à transformer la Tunisie en une plate-forme stratégique pour les groupes terroristes installés en Libye. La plateforme pourrait également élargir son soutien à l’ouest, notamment à l’Algérie, au reste du Maghreb, et à la partie occidentale de l’Afrique. L’expansion de Daech au Maghreb provoquerait probablement des dissensions avec l’AQMI. Depuis la création de Daech, les 2 groupes ont eu des désaccords sur la tactique et les priorités.

Les Tunisiens doivent rester plus que jamais unis contre le terrorisme

Le manque d’opportunités d’emplois et une grave crise socio-économique sont à déplorer. La situation économique en Tunisie est mauvaise. Le niveau de la dette extérieure est élevé, atteignant un record de 78% du PIB au premier semestre de 2018. Le Fonds monétaire international (FMI) n’écarte pas la possibilité qu’il puisse franchir la barre des 100% dans les années à venir. Néanmoins, le taux de chômage a légèrement diminué pour s’établir à 15,30% en mars 2019, alors qu’il était de 15,50% en décembre 2018.

Le gouvernement et tous les responsables doivent étudier judicieusement la prochaine étape, car tout vide politique pourrait conduire le pays au chaos et à la guerre lorsque la situation économique est mauvaise.**

Traduit de l’anglais par Amina Mkada

* Analyste politique basée à Beyrouth.

** Le titre et les intertitres sont de la rédaction.

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