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Rapport 2018 de l’UBM : Les banques maghrébines sont sur le bon chemin mais des défis restent à relever

Dhafer Saidane et Ahmed El Karm.

A l’occasion de la présentation de son rapport annuel sur les systèmes bancaires et les financiers maghrébins, l’Union des banques maghrébines (UBM) a organisé, hier, 22 octobre 2019, une conférence à l’hôtel Paris du Lac I, à Tunis.

Par Cherif Ben Younès

La séance a été animée par Ahmed El Karm, président du conseil d’administration de l’UBM, et Dhafer Saidane, professeur à Skema business school (SBS).

Les banques maghrébines assurent leur rôle dans la région

Lors de son allocution, M. El Karm a expliqué que l’évolution de l’activité bancaire dans les pays maghrébins s’articule autour de 5 axes.

Le premier porte sur l’évolution de l’implication des banques maghrébines  dans le financement de l’économie, comme en témoigne l’augmentation permanente du taux des crédits accordés au secteur privé, notamment en ce qui concerne les petites et moyennes entreprises (PME). Celles-ci nécessitent, selon lui, un soin particulier et un soutien financier conséquent.

Le deuxième axe est celui de l’inclusion financière. A cet effet, le banquier a assuré que l’UBM est en train d’agir «avec force» pour que le taux de bancarisation augmente dans les pays du Grand Maghreb. «Actuellement, 40% uniquement de la population maghrébine majeure possède un compte bancaire. Un taux assez faible, qui fait dégager un potentiel important de développement de l’activité bancaire et de l’intégration financière d’une grande tranche de la population, à travers, notamment, les technologies modernes», a-t-il estimé.

Le troisième axe porte sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Implorant les gouvernements maghrébins d’aider les banques dans cette mission, Ahmed El Karm assure, toutefois, que celles-ci sont, toutes, en train d’agir contre ce phénomène. «C’est la responsabilité des banques pour se mettre au diapason des directives internationales en la matière», a-t-il développé.

Le quatrième volet se réfère à l’application des normes internationales dans les systèmes bancaires maghrébins avec, notamment, les règles de la bonne gouvernance, ceux de la solidité bancaire et les accords de Bâle 2 et Bâle 3.

Ahamed El Karm a estimé que les banque maghrébines sont déjà au diapason en ce qui concerne cette application, mais qu’il faudra, tout de même, renforcer leurs fonds propres, pour qu’elles soient solides et pérennes au service des économies de la région.

Du travail reste à faire pour mieux développer l’intégration régionale

Le dernier axe consiste en l’implantation à l’international. Un objectif partiellement atteint jusque là. «Nous estimons que certaines banques maghrébines sont en train de se positionner avec force à l’échelle internationale», a-t-il avancé, appelant à ce que cela serve d’exemple pour toutes les autres, pour qu’elles fassent de même, notamment en Afrique subsaharienne.

«Nous avons un souci de développer l’intégration maghrébine. Nous considérons que nous avons beaucoup de travail à faire, que malgré tous les textes rédigés et toutes les déclarations de bonnes intentions, les échanges entre les pays maghrébins sont assez faibles : ils varient, en fonction des pays, de 4,5% à 1,3% de leurs importations», a-t-il regretté.

«Cela n’est pas acceptable… Nous appelons toutes les forces à faire en sorte que la volonté d’intégration maghrébine soit réelle sur le marché et nous sommes disposés à tisser des rapports privilégiés avec les banques.», a conclu le président du conseil d’administration de l’UBM.

Ahmed El Karm.

Un rapport qui valorise le rôle des banques maghrébines

Dhafer Saidane a pour sa part présenté les grandes lignes du rapport annuel de l’UBM. Un rapport qui tente de valoriser le rôle joué par les banques maghrébines dans le processus d’émergence de la région, en mettant l’accent sur leur implication et leurs efforts d’innovation, d’accompagnement, de conseil, de sécurité et de conformité, de bancarisation, d’intégration régionale et de responsabilité sociale et environnementale.

Il en ressort de ce rapport, en premier lieu, que, malgré un contexte international mouvant, la croissance annuelle moyenne du produit intérieur brut (PIB) est de 3,8% pour l’année 2018, contre 2,5% une décennie auparavant.

L’économiste considère, tout de même, qu’il est possible d’améliorer cette statistique «par le renforcement de la profondeur du marché maghrébin, conditionné par une intégration régionale plus soutenue et par les économies d’échelle qui en résulteraient

Le rapport indique, d’autre part, que l’intermédiation bancaire progresse au Maghreb, comme en témoigne le ratio du crédit bancaire destiné au secteur privé en pourcentage du PIB, dont la moyenne dépasse les 50%.

Les mesures de lutte contre le financement du terrorisme, le respect des normes internationales de sécurité et la consolidation des fonds propres constituent, par ailleurs, des priorités permettant une nouvelle gouvernance bancaire et un renforcement de la conformité, indique ledit rapport.

Qu’en est-il du rôle des technologies et des gouvernements ?

D’un autre côté, celui-ci s’attarde sur le rôle de la technologie dans l’accès aux comptes des institutions financières. Cela a, en effet, pris racine dans les économies maghrébines, s’est réjouit M. Saidane, qui a ajouté que l’inclusion financière offerte par les services financiers digitaux et les paiements numériques peuvent contribuer au développement économique.

Le rapport indique également que les banques maghrébines tentent de réduire les contraintes liées à l’intégration économique et que les pays du Maghreb se sont engagés dans une démarche cohérente avec les standards internationaux s’articulant, notamment, autour des droits de l’homme, des relations et conditions de travail, de l’environnement et de la loyauté des pratiques.

«De ce point de vue, a affirmé l’économiste, les banques maghrébines visent une relation durable et de confiance avec leurs clients. Elles proposent, de plus en plus, des produits et des services inclusifs, accessibles et adaptés qui protègent les intérêts des clients.»

En somme, le modèle des banques maghrébines est aujourd’hui plus attentif aux normes de sécurité et de conformité, selon le rapport de l’UBM. Et ce afin de garantir notamment son insertion à l’échelle internationale.

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