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Le Financial Times avertit: «La Tunisie risque de perdre son statut de modèle démocratique»

Dans une tribune publiée hier, mardi 14 janvier 2020, par le Financial Times, Safwan Masri, vice-président exécutif à la Columbia University de New York, se désole que la Tunisie, celle qu’il a décrite comme une «anomalie arabe», soit en voie de perdre son caractère exceptionnel.

Par Marwan Chahla

Pour le professeur jordano-américain, le temps presse et «la classe dirigeante tunisienne ne peut plus se permettre –au sens propre comme au figuré– d’attendre encore plus.»

Observateur averti des affaires et de la scène politique tunisienne, Safwan Masri s’étonne qu’en ces temps où toutes les secondes comptent, la Tunisie, qui souffre de multiples faiblesses, «n’ait pas pu, trois mois après la tenue des dernières élections présidentielle et législatives libres et équitables, se doter d’un gouvernement.»

Il met en garde contre cette inertie: «Plus le blocage de la situation durera, plus le risque sera grand pour la fragile démocratie tunisienne.» Et Safwan Masri d’énumérer certains des échecs enregistrés par la révolution tunisienne: en neuf ans, fait-il observer, le dinar tunisien a perdu presque la moitié de sa valeur face à l’euro et au dollar américain; le total de la dette publique pourrait atteindre, en 2020, près de 79% du PIB; actuellement, le taux du chômage se situe, dans certaines régions du pays, à environ 25% de la population active; et 8 Tunisiens sur 10 estiment que la corruption gouvernementale endémique persiste.

Safwan Masri déplore également que rien, ou presque, n’ait été mis en œuvre par les différents gouvernements qui se sont succédé, depuis 2011, à la direction des affaires du pays pour lutter efficacement contre les fléaux de la contrebande, de l’économie parallèle, de l’évasion fiscale et du lourd fardeau de la fonction publique.

Il s’étonne, par exemple, que «la Tunisie, pays arabe démocratique et laïc, ait un ministère des Affaires religieuses qui emploie 19.000 personnes. »

En conclusion, Safwan Masri rappelle cette vérité première sur les raisons qui ont poussé la rue tunisienne à se soulever contre l’ancien régime: pour lui, «il y avait dans cette révolte [du 14 janvier 2011] beaucoup plus des revendications économiques qu’idéologiques (…) La Tunisie a besoin, de toute urgence, d’un gouvernement nouveau et compétent. Et une fois que cette équipe gouvernementale sera formée, elle aura tout intérêt de se mettre très vite au travail. » Tant qu’il est encore temps…

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