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Le Covid-19 au Japon : Le facteur de l’humidité est déterminant

Il y a de bonnes raisons scientifiques pour que l’opération de dé-confinement soit dirigée par une équipe d’épidémiologistes et de météorologues. Car des chercheurs ont trouvé une relation entre l’humidité et la transmission du Covid-19. Explications…

Par Dr Nawel Belaid *

Au Nord du Japon, une île nommée Hokkaido avait accueilli des touristes chinois à l’occasion du festival annuel de la neige, le 31 janvier 2019. C’était les vacances du nouvel an lunaire.

Les médecins d’Hokkaido avaient reçu la première patiente atteinte de coronavirus, au début du festival. C’était une femme venant de Wuhan en Chine. Puis, plusieurs autres malades chinois avaient consulté et le virus avait commencé à circuler dans l’île.

Un mois plus tard, l’état d’urgence a été déclaré, et la discipline de cette population avait beaucoup contribué à contenir la propagation du Covid-19. Ainsi, à la mi-mars 2020, le nombre des nouveaux cas avait même baissé à zéro, mais les répercussions économiques étaient très lourdes. Les restrictions ont, alors, été levées, sous la coordination du gouvernement et d’une équipe médicale. Les cafés avaient ouvert, les étudiants étaient rentrés voir leur famille et les gens fêtaient la fin du confinement.

Mais, trois semaines après, le nombre des cas a rapidement augmenté, accompagné de regrets et de blâmes. Certains experts ont dit que les restrictions ont été levées trop rapidement et trop tôt en raison de la pression des entreprises locales et d’un faux sentiment de sécurité à la baisse des taux d’infection.

C’est pour cela que le 14 avril 2020, l’état d’urgence a été annoncé pour la seconde fois. Les mesures prises étaient, cette fois, beaucoup plus strictes, mais cela n’a pas empêché l’augmentation du nombre des cas à plus que 400 par jour.

Malgré le confinement, la deuxième vague était plus intense que la première, sur cette île au nord du Japon. Pourquoi ?

Les études scientifiques ont trouvé une relation entre l’humidité et la transmission du Covid-19, et mon étude aussi (p=0,001).

Il se trouve que sur cette île volcanique, le mois d’avril est le mois le moins humide de l’année. Le dé-confinement a coïncidé avec cette période où l’humidité est moyenne, donc très propice à la transmission du virus. En cette même période, le reste du Japon était beaucoup plus humide, et le virus ne s’est donc pas propagé autant que sur cette île.

Sur le site et application Windy.com, nous pouvons suivre l’humidité de chaque région. La couleur verte indique une humidité moyenne. L’île d’Hokkaido a été soumise à cette humidité moyenne pendant plusieurs jours, ce qui a été favorable à la propagation du virus dans cette période de dé-confinement, alors que le reste du Japon était trop humide, de couleur bleue sur la carte.

En se basant sur les humidités mensuelles d’une région, il est possible de dé-confiner une ville avec plus de sécurité. Les régions très humides ou très sèches sont les moins à risque de propagation du virus et peuvent reprendre leurs activités avec une distanciation et des gestes barrières.

Les Jeux Olympiques de Tokyo ont été reportés à cause du Covid-19. Juillet est le mois le plus humide dans cette métropole. Il serait donc souhaitable d’organiser cette manifestation en juillet, en s’aidant des gestes barrières tels que le port de masque, la distanciation, la désinfection des locaux, le non recyclage de l’air, les filtres à air, le contrôle de l’humidité des climatiseurs.

De même en Tunisie. Les frontières ne resteront pas fermées. En se basant sur les archives de l’humidité des années précédentes, et sur les prochaines masses d’air, les météorologues pourraient prévoir les humidités des régions et devraient être impliqués pour la réussite du dé-confinement, surtout que l’humidité est fluctuante. Pour la fluctuation nycthémérale, un couvre-feu pourrait être bénéfique le jour ou la nuit selon les mois et les régions

Les experts en climatisation devraient expertiser l’aération des locaux, à savoir les hôtels, les usines, les entreprises, les salles d’attentes, les administrations…

Des capteurs d’humidité devraient être installés et surveillés dans les quartiers les plus fréquentés, et il faudra tenir compte des régions de haute altitude qui pourraient avoir des épidémies décalées par rapport aux régions plus basses.

Pour finir, les facteurs climatiques devraient être pris en considération dans tous les pays et le dé-confinement devrait être adapté selon l’humidité de chaque mois et de chaque région, pour soutenir et orienter les mesures prises actuellement.

* Médecin à Sousse.

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