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Rached Ghannouchi roule Nabil Karoui dans la farine

Rached Ghannouhi, on le sait, est un vrai filou et les autres acteurs de la scène politique tunisienne n’ont pas fini d’en avoir la preuve à leurs dépens. C’est le cas de Nabil Karoui, le président du parti Qalb Tounes, que le dirigeant islamiste n’a pas fini de rouler dans la farine.

Par Imed Bahri

Le président du mouvement Ennahdha, qui a du mal à porter le costume de président l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), à la fois trop large et trop serré pour ses épaules, ne rate aucune occasion pour chanter la même rengaine : on doit élargir la base du gouvernement et y intégrer toutes les sensibilités afin d’en faire un gouvernement d’union nationale et donner ainsi plus de chance aux projets de loi qu’il présente d’être votés avec une large majorité et de lui assurer ainsi une large base de représentativité parlementaire.

Les promesses de Ghannouchi n’engagent que ceux qui y croient

Cet appel du pied est adressé, surtout, à Nabil Karoui, qui piaffe d’impatience de voir enfin Qalb Tounes faire partie du gouvernement. Et pour cause : poursuivi en justice dans des affaires de corruption financière, d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent, le patron de Nessma TV, une chaîne pirate car diffusant sans autorisation de la Haica, l’instance de régulation audiovisuelle, considère l’entrée de son parti au gouvernement comme une garantie d’impunité pour lui et pour son frère, le député Ghazi Karoui, son associé et complice, poursuivi dans les mêmes affaires.

Aux abois et dos au mur, Nabil Karoui a tendance à prendre pour argent comptant les promesses de Rached Ghannouchi qui, bien sûr, n’engagent que ceux qui y croient. Car le chef islamiste est bien placé pour savoir que ni le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, ni les dirigeants des autres partis composant son gouvernement, notamment Attayar et Echaab, et encore moins le président de la république, Kaïs Saïed, n’accepteront l’entrée de Qalb Tounes dans la coalition au pouvoir : ce serait faire entrer le loup dans la bergerie et priver le gouvernement de toute crédibilité, lui qui se donne pour mission de lutter contre la corruption et qui n’a de cesse de le crier sur tous les toits.

Ghannouchi tient Karoui par la laisse de ses turpitudes judiciaires

Pourquoi donc M. Ghannouchi continue-t-il de faire miroiter à Nabil Karoui et sa smala la possibilité d’intégrer un gouvernement d’union nationale qui n’a aucune chance de voir le jour, en tout cas pas à court ou à moyen terme? Il vient d’ailleurs de chanter cette même rengaine une nouvelle fois, à la fin de la semaine dernière, dans son entretien avec la chaîne Al-Jazira.

En fait, le chef islamiste, qui tient Nabil Karoui par la laisse de ses turpitudes judiciaires, cherche aussi à l’endormir par des promesses qu’il sait impossible à réaliser. Son but : éviter de le désespérer, le maintenir dans une position d’attente et, surtout, l’empêcher de basculer dans l’opposition et de joindre le camp de ceux qui œuvrent aujourd’hui pour le retrait de la confiance au président de l’Assemblée.

C’est là, on s’en doute, le cauchemar de M. Ghannouchi, qui est auditionné, ce mercredi 3 juin 2020, par l’Assemblée à propos de ses bourdes à répétition et de ses atteintes successives à la Constitution, notamment en marchant sur les plate-bandes du président de la république et en engageant la Tunisie aux côtés de l’une des parties en conflit en Libye, ce qui est en flagrante contradiction avec la doctrine diplomatique tunisienne, privilégiant la neutralité bienveillante, notamment dans les conflits régionaux.

Reste à savoir si M. Karoui va continuer à croire aux mensonges du cheikh Ghannouchi ou s’il va enfin se résigner à briser les chaînes et à passer à l’offensive, quitte à revoir ses engagements et ses alliances, même si sa marge de manœuvre nous semble très réduite.

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