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Tunisie : Châteaux en Espagne et pince crocodile

Alicante, un paradis pour milliardaires.

Le pôle judiciaire financier enquête sur des Tunisiens qui auraient acquis des villas et des appartements de luxe, à Alicante, en Espagne, avec des fonds douteux et non déclarés à la Banque centrale de Tunisie (BCT). Des évadés fiscaux, sans doute. Mais pas que…

Par Dr Mounir Hanablia *

Récemment un crocodile du Nil aurait été aperçu dans la rivière Pisuerga, près de son affluent avec le Duero, au sud de la ville espagnole de Valladolid. L’animal n’a pas encore été capturé et les habitants ont été invités à faire preuve de prudence. Que faisait-il là-bas, si loin de son habitat d’origine ?

Une hypothèse plausible est que son propriétaire l’ait ramené clandestinement ou l’ait acheté alors qu’il était tout petit, et qu’il s’en soit débarrassé dans la rivière quand il fût devenu encombrant. En tous cas il ne serait pas le seul africain à nager dans les eaux troubles de la péninsule ibérique; le bruit court qu’un certain nombre de personnalités politiques tunisiennes ou même leurs épouses de premier plan auraient acquis des biens immobiliers au nord du détroit de Gibraltar, d’une manière pas très claire.

La dictature kleptocrate joue les prolongations

Chez nous, le «mea culpa» n’étant pas une pratique très prisée, particulièrement dans le milieu politique, il ne s’apparenterait qu’à des larmes de crocodiles. Ce ne serait certes pas la première fois que nous autres, arabo berbères envahirions l’Espagne. Mais on pensait tout de même que ceux parmi nous qui avaient adopté la démocratie et les valeurs promouvant les droits humains seraient assagis, et que les représentants les plus emblématiques de la révolution populaire qui avait jeté bas la dictature kleptocrate de Ben Ali au nom de la liberté et la dignité, seraient plus respectueux de leur peuple dans la période critique que traverse leur pays. Il semble bien qu’il n’en soit rien.

Le plus inquiétant n’est cependant pas qu’ils l’aient fait mais que les mécanismes censés les en empêcher puissent une nouvelle fois ne pas avoir fonctionné. Après le scandale Mossack Fonseca & Co dont on attend toujours de connaître l’identité des personnes impliquées, voilà une nouvelle épine au pied de notre réputation et de notre crédibilité sur la scène internationale, qui n’arrange pas nos affaires. Il est vrai qu’on a appris à quoi s’en tenir depuis un certain temps relativement à nos partis politiques et au climat d’impunité qu’ils ont instauré depuis le fameux compromis historique, qui avait valu le prix Nobel à quelques uns parmi nous.

L’Espagne ne badine pas avec le fisc

L’administration espagnole, en révélant les faiblesses de certains, a rappelé qu’en Espagne, nous n’étions plus en pays conquis. Et elle n’a peut-être pas eu tort de le faire; le fisc espagnol qui avait épinglé des personnalités aussi connues que Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, ou l’Infante Cristina et son mari, n’a apparemment aucune intention de laisser faire de son pays un paradis fiscal pour les dirigeants en goguette du Maghreb ou du Golfe. Il semble même que le Roi d’Espagne lui-même n’y échappe pas; il devra rendre des comptes sur un projet ferroviaire de 11 milliards de livres financé par des Saoudiens.

Des châteaux en Espagne ? Certainement. Mais plus pour les prédateurs.

* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.

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