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Tunisie : Pourquoi le ministère de la Santé ralentit-il la télémédecine ?

Malgré la publication de la loi tunisienne sur la télémédecine depuis deux ans, le ministère de la Santé marque le pas et ralentit l’utilisation de cette technologie digitale et en particulier la téléconsultation médicale.

Par Imed Elabed *

À l’heure où le monde entier encourage le recours à la téléconsultation, plusieurs patients des régions défavorisées en Tunisie sont privés de leur droit d’accès aux soins via le numérique; les médecins tunisiens convaincus par le numérique souffrent d’une situation inconfortable qui n’a que trop duré; les entrepreneurs tunisiens et les ingénieurs du digital sont poussés à délocaliser l’innovation tunisienne vers l’étranger.

Pourtant, il existe bel bien un écosystème propice pour que la Tunisie soit le champion africain de la téléconsultation : plateforme(s) très professionnelle(s) de niveau international et conforme(s) aux lois en vigueur, que ce soit pour la protection des données personnelles, pour la sécurité, pour la transparence, pour le consentement du patient, etc.

La téléconsultation médicale permet de sauver des malades, d’épargner de l’argent aux patients, de gagner du temps, de créer de l’emploi…

La loi 43-2018 votée par le parlement, approuvée par le président de la république et publiée au journal officiel de la république en juillet 2018, stipule que «le médecin ou le médecin dentiste peut exercer sa profession dans le cadre de la télémédecine» et ajoute : «On entend par télémédecine, au sens de la présente loi, la pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication permettant de mettre en rapport, entre eux ou avec un patient, des médecins ou des médecins dentistes et d’autres professionnels de santé, parmi lesquels figure nécessairement un médecin, et le cas échéant, d’autres professionnels de santé traitants, et ce, notamment pour établir un diagnostic d’une maladie, le recueil d’un avis médical, la surveillance ou le suivi de l’état d’un patient, ou autres prestations et actes médicaux.»

À quoi bon voter des lois pour les ralentir ensuite? À quoi bon l’Etat tunisien délivre-t-il le label Startup-Act incitant à l’innovation si la volonté de transformation n’est pas concrétisée ?

C’est très facile d’observer, de trouver des raisons ou prétextes pour ralentir la télémédecine. C’est facile d’attendre des années sans publier les textes d’application. Mais le patriotisme et la responsabilité impose de décider, d’agir et de concrétiser rapidement, car nous sommes déjà au-delà du temps additionnel.

À bon entendeur…

* CEO Keeplyna.

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