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Prix de transfert : la législation fiscale tunisienne serre la vis

En application des dispositions de la loi de finances pour l’année 2019, la Direction générale des études et de la législation fiscale (DGELF) a publié récemment 4 nouvelles notes communes traitant du sujet des prix de transfert. Elles visent à harmoniser la législation fiscale en vigueur en Tunisie avec les standards internationaux dans ce domaine.

Par Amine Ben Gamra *

Ces notes se présentent comme suit :
-Note commune N°11/2020 relative à l’harmonisation de la législation fiscale en vigueur avec les standards internationaux en matière de prix de transfert;
-Note commune N°12/2020 relative aux accords préalables en matière de prix de transfert ;
-Note commune N°13/2020 relative aux obligations déclaratives et documentaires en matière de prix de transfert ; et
-Note commune N°14 /2020 relative à la déclaration pays par pays.

Obligation de reporting annuel en matière de prix de transfert

Les entreprises établies en Tunisie qui sont sous la dépendance d’autres entreprises et dont le chiffre d’affaires annuel brut est supérieur ou égal à 20 millions de dinars tunisiens (MDT) sont tenues de déposer la déclaration annuelle sur les prix de transfert par les moyens électroniques fiables selon un modèle établi par l’administration et figurant en annexe de la note commune N°13/2020, dans les mêmes délais de la déclaration annuelle de l’impôt sur les sociétés.

Cette déclaration comporte :

a. des informations sur le groupe d’entreprises, notamment sur l’activité, la politique des prix de transfert adoptée par le groupe, la liste des actifs détenus par l’entreprise déclarante ainsi que la raison sociale de l’entreprise propriétaire de ces actifs et son Etat de résidence fiscale.

b. des informations concernant l’entreprise déclarante notamment son activité; l’état des opérations financières et commerciales réalisées avec les entreprises qui sont sous sa dépendance – comportant la nature et le montant des transactions, la raison sociale et l’état de résidence fiscale des entreprises qui sont sous sa dépendance concernées par les transactions, les méthodes de détermination des prix de transfert appliquées et les changements intervenus au cours de l’exercice; les opérations financières et commerciales réalisées avec les entreprises qui sont sous sa dépendance sans contrepartie ou avec une contrepartie non monétaire.

La sanction prévue pour toute entreprise n’ayant pas déposé, dans le délai imparti, la déclaration annuelle précitée sur les prix de transfert, c’est une amende fiscale administrative égale à 10.000 dinars. Tout renseignement non fourni dans ladite déclaration ou fourni d’une manière incomplète ou inexacte donne lieu à l’application d’une amende égale à 50 dinars par renseignement, sans que cette amende excède 5.000 dinars.

Ces nouvelles dispositions s’appliquent aux exercices ouverts à partir du 1er janvier 2020.

Obligation de la documentation de la politique de prix de transfert en cas de vérification approfondie

Les entreprises, dont le chiffre d’affaires annuel brut est égal ou supérieur à 20 MDT, sont tenues de présenter aux agents de l’administration fiscale, à la date du commencement de la vérification approfondie de leurs situations fiscales, les documents justifiant la politique de prix de transfert appliquée pour les transactions réalisées avec les entreprises avec lesquelles elles tiennent des liens de dépendance ou de contrôle.

Le contenu de ces documents est fixé par l’arrêté du ministre des Finances du 16 octobre 2019 (Annexe 2). Ces documents ne se substituent pas aux justificatifs afférents à chaque transaction.

Lorsque les documents requis ne sont pas présentés aux agents de l’administration fiscale, à la date du commencement de la vérification fiscale approfondie, ou leur sont présentés d’une manière incomplète, l’administration fiscale procède à la notification de l’entreprise concernée d’une mise en demeure de les produire ou de les compléter dans un délai de 40 jours de la date de la mise en demeure, tout en précisant la nature des documents concernés.

Ne sont pas prises en compte pour le calcul de la durée de la vérification approfondie le retard constaté dans la présentation de la documentation justifiant les prix de transfert après la mise en demeure prévue par l’article 38 bis du code sans que le retard non pris en compte excède 40 jours.

Toute entreprise n’ayant pas présenté à l’administration fiscale les documents justifiant la politique de prix de transfert (fichier principal et fichier local) ou l’ayant présenté d’une manière incomplète ou inexacte, dans un délai de 40 jours de la date de la notification de la mise en demeure, est punie d’une amende fiscale administrative égale à 0,5% du montant des transactions concernées par les documents non présentés ou présentés d’une manière incomplète ou inexacte avec un minimum de 50.000 dinars par exercice concerné par la vérification.

Ces dispositions s’appliquent, eux aussi, aux exercices ouverts à partir du 1er janvier 2020 et ayant fait l’objet d’un avis préalable à partir du 1er janvier 2021.

L’obligation de la déclaration pays par pays

Les grandes sociétés, dont le chiffre d’affaires dépasse les 1.636 MDT, seront soumises, quant à elles, à l’obligation de communication pays par pays. L’entité mère d’un groupe d’entreprises multinationales doit établir une déclaration pays par pays, pour chacun des exercices fiscaux, et la déposer auprès de l’administration fiscale de la juridiction dont elle est fiscalement résidente. Et ces informations doivent être échangées avec les Etats où sont implantées le reste des filiales du groupe.

La déclaration pays par pays doit être déposée dans les douze mois suivant la date de clôture de l’exercice déclarable selon un modèle établi par l’administration fiscale et figurant en annexe de la note commune N°14/2020.

Le manquement à l’obligation de déposer ladite déclaration donne lieu à l’application d’une amende fiscale administrative allant jusqu’à 50.000 dinars.

Ces dispositions s’appliquent aux exercices ouverts à partir du 1er janvier 2020.

* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptables de Tunisie.

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