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La fête nationale de la femme : Pour une vraie lutte contre les violences de genre

Le Ciné-Madart à Carthage a accueilli le soir du jeudi 13 août 2020 un événement de sensibilisation sur les violences basées sur le genre, dans le cadre de la célébration de la fête nationale de la femme. Une initiative des associations Aswat Nissa, Mawjoudine et By Lehwem.

Par Fawz Ben Ali

La journée du 13 août est certes l’occasion de célébrer les acquis de la femme tunisienne grâce au Code du statut personnel (CSP) promulgué en 1956, ayant permis aux tunisiennes d’acquérir une place exceptionnelle et privilégiée dans le monde dit arabo-musulman.

Toutefois, le combat demeure long et périlleux pour arracher une vraie égalité des genres, autant au niveau de la législation que des pratiques sociétales encore fortement marquées par le poids du patriarcat et des préceptes religieux.

La quarantaine sanitaire a exacerbé la violence domestique

C’est dans le cadre de cette lutte permanente contre une sérieuse menace de retour en arrière et en même dans l’espoir d’obtenir plus de droits, que l’association féministe Aswat Nissa, l’initiative Mawjoudine et l’association By Lehwem ont organisé un événement artistique de sensibilisation sur les violences faites aux femmes, et plus généralement les violences basées sur le genre. Un choix qui s’est imposé presque comme une évidence suite à la période de confinement général imposée par la crise sanitaire de la pandémie de coronavirus et qui a été marquée par une explosion du nombre de femmes victimes d’agressions conjugales et familiales, un peu partout dans le monde.

En Tunisie, le ministère de la Femme de la Famille de l’Enfance et des Seniors avait mis en place un numéro vert (1899) et une cellule d’écoute afin de permettre aux femmes de signaler les violences physiques et psychologiques dont elles pourraient être victimes durant cette période sensible où il était quasi impossible de sortir de chez-soi pour fuir l’agresseur ou demander de l’aide. Plus de 6000 appels de détresse ont été enregistrés lors de la période de confinement; le phénomène de violence domestique a atteint son point le plus intense pas seulement en Tunisie, mais dans le monde entier selon l’Organisation mondiale des Nations Unies (ONU).

L’événement a également été l’occasion de revenir sur le mouvement #EnaZeda lancé en octobre 2019 sur la toile, inspiré du mouvement #MeToo aux Etats-Unis et #BalanceTonPorc en France, ayant permis de libérer la parole des femmes sur les différentes formes de harcèlement qu’elles subissent au quotidien dans les espaces publics, mais aussi dans le cadre du travail et au sein même de la famille, notamment ces histoires de viols et d’attouchements sexuels dont sont victimes beaucoup d’enfants parfois de la part de membres de la famille.

#EnaZeda ou la guerre contre le harcèlement

En effet, depuis sa création il y a près d’un an, le groupe facebook #EnaZeda a permis à des milliers de jeunes filles et de femmes de s’exprimer librement sur ce sujet encore assez tabou, de dénoncer leurs agresseurs et de trouver le soutien nécessaire de la part des administrateurs et des membres du groupe parmi lesquels se trouvent beaucoup de psychologues, d’avocats et de militants de la société civile.

L’association Aswat Nissa créée en 2011 et qui gère ce groupe souligne d’ailleurs l’importance de cette initiative comme un premier pas pour briser le silence, d’autant plus que le mouvement est porté par un élan de solidarité non seulement de la part des femmes mais aussi beaucoup d’hommes.

Les milliers de témoignages recueillis sur le groupe ont inspiré de jeunes slammeuses qui ont participé à cette soirée avec des textes en hommage aux victimes du harcèlement, mais aussi la réalisation d’un spot de sensibilisation projeté en cette soirée, avec la participation des acteurs Fatma Ben Saïdane, Nadia Boussetta, Mohamed Grayaa et Souhir Ben Amara.

La loi 58 du 11 août 2017 relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes ne doit pas demeurer comme de l’encre sur du papier. Toutes les femmes devraient en être informées afin d’obtenir justice si elles se trouvent victimes de violences physiques, morales, sexuelles ou économiques. Mais cette loi devrait aussi être accompagnée d’une vraie volonté politique de réformes à plusieurs niveaux.

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