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Tunisie : nouvelles palabres dans un pays au bord de la faillite

Kais Saied recevant Noureddine Taboubi.

Pour sortir la Tunisie de l’impasse dans laquelle elle ne cesse de s’enfoncer depuis 2011, il faudrait commencer par un consensus sur les questions relatives au modèle de société, à la relation Etat-religion et au modèle de système sociopolitique auquel nous aspirons pour les cinquante prochaines années ou plus.

Par Elyes Kasri *

Kais Saied aurait donné son aval au projet de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), cautionné par le parti islamiste Ennahdha, d’un nouvel épisode du dialogue national à condition d’y associer les jeunes.

Si la réticence du président de la république envers de nouvelles palabres sur des miettes de pouvoir politique et économique dans un pays au bord de la faillite est compréhensible, il faudrait toutefois se garder de faire de ce dialogue une foire aux attentes les plus excessives alimentées par les concessions extravagantes et irresponsables comme celles accordées aux «activistes» d’El-Kamour.

Un nouveau feuilleton insipide

Pour sortir la Tunisie de l’impasse dans laquelle elle ne cesse de s’enfoncer depuis 2011, il faudrait commencer par un consensus sur les questions relatives au modèle de société, à la relation Etat-religion et au modèle de système sociopolitique auquel nous aspirons pour les cinquante prochaines années ou plus.

Ce «himar watani» حمار وطني, comme l’avait jadis qualifié l’un des protagonistes (lapsus exprimant un sursaut de lucidité), risque de s’avérer, dans sa version UGTT-Ennahdha, un épisode supplémentaire d’un feuilleton insipide qui a montré son incapacité d’aboutir à des solutions à long terme et même sa nocivité car il nous ferait perdre encore une fois un temps précieux en éludant le véritable débat sur les questions essentielles qui doivent déterminer nos choix politiques et économiques pour l’avenir.

Mettre fin au délire islamiste et gauchiste

Avant de s’embarquer dans un énième épisode d’échange de malentendus, d’arrière pensées et de coups fourrés, il faudrait avoir le courage et la lucidité de mettre fin au délire islamiste et gauchiste de la dernière décennie qui a ruiné le pays et l’a rapproché dangereusement de la réédition de la Commission financière internationale de 1869 qui a été le prélude à la colonisation française en 1881.

Alors qu’Albert Einstein a défini la folie comme la manie de refaire toujours la même chose et s’attendre à un résultat différent, Henri Bergson a dit qu’un problème bien posé est à moitié résolu. Les protagonistes du prochain dialogue national doivent méditer ces deux citations avant de s’y engager.

* Ancien ambassadeur.

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