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Administration tunisienne : la belle au bois dormant

Faut-il baisser les bras, se résigner et finir par accepter comme une fatalité : l’incapacité de l’administration tunisienne de se moderniser, son inaptitude à s’adapter aux circonstances nouvelles et à jouer pleinement son rôle dans l’impulsion de l’effort de développement? Voici un sujet dont on entend beaucoup parler mais qui, malheureusement, avance comme une limace. Comment faire pour réveiller la belle au bois dormant?

Par Dr Salem Sahli *

Nous sommes effectivement en droit de nous poser cette question car les faits sont têtus et le constat évident: l’administration tunisienne est porteuse de maux chroniques qui n’ont rien de conjoncturels et qu’il convient de prendre en charge avec courage et lucidité. Rien ne sert de se voiler la face car nul n’est plus aveugle que celui qui refuse de voir. De même, inventer de faux alibis pour expliquer les dysfonctionnements de notre administration revient à escamoter l’ennemi véritable et aggraver la situation.

Un coup de pouce si vous consentez à payer

Récemment, un homme d’affaires européen m’a dit son grand regret d’avoir investi en Tunisie dans la région de Nabeul. Il a même ajouté que n’étaient-ce les gros investissements engagés, il serait parti depuis belle lurette. Mais de quoi se plaint-il? De la piètre qualité des prestations administratives et particulièrement celles des services régionaux de la douane et des transports. Services de proximité créés justement pour mieux répondre aux attentes des administrés qu’ils soient citoyens ou promoteurs.

Les griefs sont nombreux et concernent toute la hiérarchie depuis le service d’accueil jusqu’au poste de direction. Un grand nombre de «titulaires» se conduisent comme des fonctionnaires inamovibles attendant que l’heure de la retraite sonne, sans se préoccuper le moins du monde de la qualité des services dispensés aux usagers. Ils se comportent tous ou presque comme des fonctionnaires inamovibles attendant que l’heure de la retraite sonne.

Notre promoteur insiste particulièrement sur la pertinence de l’information et s’étonne que des agents administratifs puissent donner des informations erronées, ignorent ou feignent d’ignorer la loi ou encore vous font comprendre qu’ils vous donneront volontiers un coup de pouce si vous consentez à payer.

Que chacun assume ses responsabilités!

Alors, que faire? Accepter ou réagir? Je pense qu’il n’est plus permis aujourd’hui de fermer les yeux devant ces pratiques d’une autre époque qui portent atteinte à l’image de marque de notre pays et obèrent lourdement les finances publiques. Ce mal est d’autant plus inacceptable, que depuis des années, la volonté de généraliser la qualité au sein des services publics s’est concrètement traduite dans nombre de programmes nationaux largement dotés tels que le programme de l’e-administration, la mise en réseau des ministères, la certification ISO, la création d’une unité centrale de la qualité, l’institution d’un référentiel national de qualité… que sais-je encore?

Alors, de grâce, ne trahissons pas cette volonté! Et que chacun assume ses responsabilités! Faut-il encore rappeler que sans une administration efficiente et honnête, il n’y a pas de confiance, et sans confiance, point de développement. Elémentaire, n’est-ce pas ?

* Médecin, acteur de la société civile.

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