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Il y a 80 ans mourait Tahar Haddad: Le pionnier du féminisme tunisien

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La Tunisie a commémoré le 80e anniversaire du décès de Tahar Haddad, le grand penseur progressiste, considéré comme le pionnier du féminisme tunisien.

Un colloque, organisé mardi 8 décembre 2015 par le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (Credif), a tenu à corriger les erreurs et les oublis de l’Histoire et à revisiter les coins et les recoins du début du 20e siècle tunisien, ces années de l’authenticité, de la modernité, du progressisme, des droits de l’Homme, de l’ouverture, de la tolérance et, surtout, des premiers appels à l’émancipation de la femme.

A des moments où, même en Occident, l’on n’osait pas évoquer, dans les conversations les plus strictement privées, la plus simple idée de l’égalité entre la femme et l’homme, Tahar Haddad a lancé le défi au conservatisme et à la réaction en tous genres en publiant son ouvrage-référence ‘‘Notre femme dans la législation islamique et la société’’ (1930), premier plaidoyer en Tunisie pour l’émancipation de la femme.

C’est là, sur ce terrain de la parité femme-homme, que réside très certainement la plus grande contribution de Tahar Haddad (4 décembre 1899 – 7 décembre 1935), par ailleurs, penseur, homme politique et syndicaliste (cf. son ouvrage, en 1927, intitulé ‘‘Les travailleurs tunisiens et la naissance du mouvement syndical’’).

Ainsi, avec la tenue de cet évènement, en partenariat avec le Laboratoire du patrimoine à l’Université de la Manouba et la Fondation Hanns Seidel, Tahar Haddad, qui a fait ses études à la mosquée Zitouna de Tunis, a pris leur revanche sur l’obscurantisme islamiste et affirmé, une fois de plus, que la Tunisie connait «son» islam, qu’elle se contente amplement de sa modération et qu’elle n’entend pas importer d’autres islams…

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Le symposium d’hier, qui a été notamment marqué par l’annonce rendue publique que l’Etat tunisien attribuera, dans un proche avenir, à Tahar Haddad, à titre posthume, les Insignes de l’Ordre de la République, «en hommage à sa personne et en reconnaissance à son rôle de pionnier de la réforme en Tunisie», a donné raison à toutes ces femmes et tous ces hommes qui ont cru et croient encore en la Deuxième République de Tunisie, et à tous ceux et toutes celles qui ont, entre autres gestes courageux, dit non à «la complémentarité homme-femme» des Nahdhaouis (pour remplacer l’égalité des sexes) et refusé d’inviter la charia dans la nouvelle constitution de notre pays.

La décision prise par le ministère de la Justice de réinscrire à titre posthume le nom de Tahar Haddad sur le registre officiel des huissiers notaires tunisiens, même si elle reste symbolique, porte cette pleine signification que la Tunisie tente, tentera encore et tant qu’il le faudra de se réconcilier avec son esprit d’ouverture.

Marwan Chahla

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